François Cheng nom en chinois : 程抱 « Qui embrasse l'Unité »
Issu d’une famille de lettrés et d’universitaires, François Cheng fait ses études secondaires à Chongquing. Après quelques errements dus à la guerre civile, il entre à l’université de Nankin. La participation de son père à l'Unesco lui permet de s'installer en France en 1948. Imprégné par la culture orientale et occidentale, il publie des études sur la poésie et l'art de la Chine. Son premier roman 'Le Dit de Tianyi' obtient le prix Femina en 1998. Il reçoit le Grand prix de la francophonie de l'Académie française en 2001 pour l'ensemble de son oeuvre, avant de devenir membre de cette institution en 2002.
Dans le livre du Vide médian paru chez Albin Michel en 2009, son écriture poétique nous permet d'approcher le concept du vide dynamique existant entre le Ying et le Yang :
D’un abîme l’autre
âpre ivresse en suspens
ivre de lointaines frayeurs
zébrées de proches éclairs
de plumes de paon éparpillées
en papillon de l’instant
d’envol d’une buse
vers la plus haute chute
de rochers moussus
tombés en pluie d’étoiles
de descente irrémédiable
vers l’invisible main
tendue là depuis toujours
mais qui soudain retirée
efface tout mot de passe
Apre ivresse en suspens
d’un abîme l’autre
La poésie résiste-t-elle à son contraire ?
Le "vide médiant" persiste-t-il ?
version d’Arnoul
Douce ascèse acceptée
Le goût des joies calmes
pressentant de lointaines bonaces
du bouquet de bulbes dans ma main
sourd désir d’union tellurique
du piqué du circaète
dans la gorge aux couleuvres
des nuages arides
la terre parcimonieuse rétractée
d’ascension auréolée
née d’un éclatant désir
apparue avec la rosée
et la pluie de suroît
ouvre à toute signification
Douce ascèse acceptée
sur le sommet singulier
celle de Catherine :
D'une naissance même
Seule sagesse en récompense
Lavée d'imminentes quiétudes
Offertes aux lointains obscurs
D'ailes de papillon rassemblées
En papillon éternel
De chute d'une buse
Vers le sol suspendu
De sables arides
Elevés en brume noire
D'envol foudroyant
Vers le geste muet
Refusé là dans l'instant
Mais qui, lentement apparaît
Trace un mot d'espace
Seule sagesse en récompense
D'une naissance même
Celle de Mo :
De la cime même
Tombe une vague de sommeil
Conscient de l’encouragement proche
Unifié par le sombre-obscur
Comme un pelage d’animal unique
Eternellement en chrysalide
Qui atterrirait sur la dune
Loin, de la plus basse marche de sable sec
Issue de l’aridité terrestre
Par envol hypothétique
Contre le socle du réel
Soudain, en un dessin progressif
S’annonce une issue secrète
Issue de la sereine latence
De la cime même.
Cramponnée à un unique sommet
Cette lucidité tendre et sucrée
Confiante en d’intimes certitudes
Incolores
Où tout caméléon s'abolit
Éternités de buffles en sommeil,
Adhérences d’arapèdes,
Figées sur ce toit du monde
Aux granits toujours neufs
Baignant dans les cieux outremer
D’une horizontalité ultime,
Dos tourné aux évidences manchotes
Un jour apparues
Radotant depuis
Les sésames qu'elles prodiguent.
Douce lucidité cramponnée
A son unique sommet.
Magali
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