Alertoplum

de L'ITALIE au JAPON

 

 

Vue du Tibre…

Angoisser, bicoque, cartouche, faubourg ,guignol, obélisque, potiron, pantalon, faïence, sphinx, pâtre, musette, cartouche, espérance, brigade, laideron ,naïf...

5 de ces mots sont d’origine italienne, les inclure dans un texte dont le sujet sera l’Italie.

J’aime les ciels italiens comme ces cartouches de faïence qui déclinent toutes sortes de bleus sur les murs roses des bicoques encastrés les uns aux autres comme une brigade d’angelots sur le plafond de la chapelle Sixtine. Petits êtres nus, rebondis, bouclés, nappés dans des satins, des ors, des fraises tendres qu’on voudrait caresser. Leur carnation d’organdi me donne l’impression de flotter en plein pays du carmin. Ah ! Ce pays italien où les pins de Toscane, comme des torches vertes, grattent le ciel où les fantômes des peintres sont tapis. Même les Gardes Suisses du Vatican dans leur pantalon bouffant aux banderoles de safran et d’incarnat guident mon imagination dans des contrées totalement étrangères à l’enfer de Dante… J’aime cette Italie de pacotille, aux bibelots de Murano, aux pampilles de cristal, aux masques de la Commedia dell’ Arte, aux petits Pinocchio de bois peints, aux devantures de pizzeria criardes, aux vespas roses, aux beaux garçons qui suivent les filles des yeux… elle teinte à mes oreilles gaiement, toujours, comme une chanson d’amour.

MO

 

Les mots d'origine italienne sont : Cartouche, faïence, brigade, bicoque, pantalon

 

 

 


 

JAPON

Photos Publiées par Virginie sur son blog à l'adresse suivante : http:/virginieaujapon.blogspot.com

" C'est avec une vraie curiosité qu'il accepta de prendre le thé dans la barque aux éventails"

Hubert Haddad (Le peintre d'éventail) Zulma 2013

On lui avait dit qu'une nouvelle jeune fille était là pour aider le vieux peintre. Elle préparait les encres, lavait les pinceaux ... on racontait même que le vieux lui demandait de battre les cils longuement devant les éventails nouvellement peints pour qu'ils apprennent le souffle léger du zéphyr nécessaire à leur définition même d'objets sacrés. Pierre passa la porrte de l'atelier, il trouva le vieil homme accroupi decant son écritoire, une chaufferette sous son gros manteau matelassé l'aider à lutter contre le froid ankylosant qui passait à travers les planches disjointes de la cabane au bord du lac.Il ne vit pas tout de suite la jeune fille dont on lui avait parlé. Il salua le vieux peintre avec déférence et s'accroupit sur le tatami à ses côtés, en silence. Il regarda le vieil artiste tracer des lignes en forme de petit animal couché, de brin d'herbe et même un petit carré cloisonné qu'il reconnut comme me signe de la rizière. Pierre reconnut l'idéogramme et prononça le nom "Neko" le nom du chat, en japonais. Il y eut alors comme un frémissement. Un rideau se souleva au fond de la cabane et la jeune fille apparut : Kimono couleur d'amande, grands yeux verts, sourire énigmatique, démarche si légère qu'on ne sentait que le déplacement de l'air quand elle marchait. Elle se pencha vers le vieil homme et souffla doucement sur le dessin. pierre sentit le souffle chaud l'éfleurer à peine. Il n'osait pas lever les yeux. Il dégustait ce moment merveilleux : il le savait, il était en train de tomber amoureux

MO

Un an et demi de vie commune et de nouveau il venait de se faire larguer. Matthieu s'était vu signifier son renvoi à coups de "Je t'avais prévenu, tu n'as rien fait pour changer".

Changer quoi ? Le fait que je suis un homme et fier de l'être. Oui, j'aime les femmes, bon, j'aime peut-être plus le sexe que les femmes mais c'est ça aussi être un homme. Les attentions, les petits jeux d'agacerie, tout cela m'enquiquine. Mathilde est allée encore plus loin : " Pauvre basique d'occidental borné, aucun raffinement, aucune suavité.""

A l'entendre je ne suis qu'un bauf ! J'avais bien remarqué cette petite boutique, la devanture précieuse avec un maneki-neko (Mathilde m'en avait parlé) interpellant le chaland de sa patte blanche. Plusieurs menus étaient affichés : "Approche de l'Orient" "Connaissance de l'Orient" et "Immersion dans l'Orient". Le dernier était le plus cher, mais aprés tout mon bonheur conjugal en dépendait peut-être. Un programme s'étalaitdevant mes yeux. Effleurement, souffle, musique, méditation et dégustation et tout cela pendant une éternité, 3 heures ! Cétait décidé. C'est avec une vraie curiosité qu'il accepta de prendre le thé dans la barque aux éventails.

Chris

Pierre avait toujours en mémoire cet éventail brodé de dentelle noire, orné de camélias rouge vermillon. Le motif et le contraste de ces deux couleurs était tenace, capiteux et troublant. Il sentait le patchouli... Dans l'avion pour son rendez-vous à Kyoto, le parfum d'une femme à l'embarquement lui rappela immédiatement le vieil éventail. Il pensa à la délicatesse et aux dessins plus subtils qu'il allait peut-être retrouver sur les éventails du Japon. Une semaine passa. Travail intense, sans pause. Puis une promenade solitaire en fin d'aprés-midi. Un trés vieux temple à gauche de l'allée tortueuse. Un cerisier au tronc noueux puis une petite baraque basse, sombre comme écrasée dans ce bosquet de verdure. Les fenêtres étroites toutes décorées de merveilleux éventails aux couleurs dégradées du mauve au rose avec un énorme bouquet de pivoines juste à l'entrée. Il y vit comme une invitation et c'est avec une vraie curiosité qu'il accepta de prendre le thé dans la barque aux éventails.

Domi

 

 



 

Paul Claudel et  les dodoitzu

 

Le dodoitzu est un poème de 26 syllabes (7/7/7/5). Georges BONNEAU leur a consacré quelques pages dans son anthologie : « Le Dodoitzu est le mode d'expression naturel de cinquante millions de paysans; de plus, par la canal des geisha, il s'est indissolublement incorporé à la tradition japonaise. Mais témoignage humain d'une richesse inouïe, il reste à mi-chemin entre la chanson et la poésie, un rythme frustre : souffle trop court, composition trop simple, technique trop facile. »

 

Quand j'entends chanter

La grenouille dans l'eau,

Des choses passées

Il me souvient

 

La nuit où je pense à lui,

L'oreiller et moi, nous causons :

- Oreiller, vite, parle-moi,

L'amour me brûle !

 

Dans mon coeur, une douloureuse

Flamme brûle : mais

Aucune fumée ne monte, et

Personne ne sait.

 

Paul Claudel s’est librement inspiré de ces traductions de Bonneau pour écrire, en 1936, Dodoitzu. Certains textes sont parus en revue avant d’être compilés en 1945 dans une édition richement illustrée en couleur, et reliée à la japonaise, parue à 4000 exemplaires chez Gallimard. 26 doditzu sont publiés en français et en anglais (sauf 2), et les titres sont également transcrits en kanji de couleur rouge.

Quand j'entends dans l'eau

Chanter le crapaud

Des choses passées

J'ai le cœur mouillé !

 

 

La nuit quand je ne dors pas

L'oreiller et moi l'on cause

Ecoute, petit oreiller !

Je l'aime ! je l'aime !

 

 Paul Claudel 

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 Animaux sans réserve

Animaux sans réserve  : Le tanuki

  Musée Cernuschi

 

 

 

 

 Le Tanuki-tatami

Derrière la pagode aux trois lampions de la montagne rouge, à 3 lieues de Kyoto, un couple d'amoureux passaient de beaux jours et aussi de belles nuits pleines comme la grosse lune ronde témoin de leurs ébats. Mais un autre spectateur fut attiré par la jolie musique des cris d'amours étouffés : un tanuki.

Un matin le jeune mari quitta sa belle pour rejoindre la grande ville et son patron qui l'attendait. Yoko, pendant l'absence de son mari décida de lui faire une surprise et de remplacer les tatamis de leur chambre d'amour. Elle n'a pas vu le petit tanuki la suivre, se rouler et glisser son petit ventre rond parmi les tapis de joncs. Etirant sans pudeur la partie la plus vigoureuse et la plus élastique de son anatomie, il s'enroula tatami joli parmi les autres tatamis. Yoko choisit ce joli tatami et l'installa au pied de son lit et souvent elle posait ses jolis petits pieds sur lui, quand elle peignait ses longs cheveux de jais ou quand elle poudrait son corps de poudre de riz. Mais vint la saison des pluies et le mari ne rentra pas. Une lune de plus et la belle, seulette, trouvant le temps bien long ouvrit la porte à un bel homme de passage, puis il en vint un autre puis un autre encore. Le pauvre tatami fut bientôt piétiné par tous les jeunes gens musclés de la province. Le tanuki fut piétiné, usé, déçu ne croyant plus à la fidélité des femmes. Au bout de la 101ème visite d'un homme fort et vigoureux le tatami n'avait plus grande allure, Yoko décida d'aller au marché pour en acheter un nouveau et, au passage, elle remit le vieux tapis usé à un mendiant de la forêt qui, ravi, l'installa dans sa pauvre masure remplie de puces.

Jamais de mémoire d'homme on ne vit un tatami autant se gratter et un tanuki autant le regretter.

Mo et Olivier

Le tanuki au gros kiki.

 

 

« Pompoko ! Pompoko ! Je voudrais du kiwi dit le tanuki joli à la marchande de fruits. »

« Oui, oui, tanuki joli. Le kiwi c’est bon pour la vie. »

« C’est bon pour le vit aussi, répondit tanuki joli. »

« Vous m’en voyez marrie. Mon mari a un petit kiki. Il ne mange jamais de kiwi. »

« Pompoko ! Pompoko, dit le tanuki en mangeant du kiwi. Il plaça une feuille de vigne sur sa tête et se métamorphosa aussitôt en un phallus gigantesque. La marchande de fruits rougit. Elle voulut goûter au tanuki mais il avait fui. Là-dessus le mari surgit.

« Donne-moi du kiwi. J’ai ouï ce que le tanuki t’a dit. Je me demande ce qu’il a encore ourdi. »

Le mari dévora tous les kiwis sans effort sur son vit.

« Tu as oublié la formule magique du tanuki ! Pomme coco, pomme coco…ou quelque chose comme ça ».

« Ce doit être un signe », se dit le mari qui goba pommes et cocos tant et si bien qu’il vomit tout.

Son vit rétrécit tant que la marchande de fruits ne voulut plus de lui.

Comme elle n’avait plus de fruits, elle s’en retourna dans son lit où elle trouva le tanuki joli au gros kiki…

Jean-Baptiste

Il était une fois une geisha particulièrement appréciée. On l’appelait le Capitaine au chat car un chat gai précédait toujours cette tête si bien remplie. L’un et l’autre d’ailleurs d’ordinaire étaient si gais qu’on les appelait parfois geisha et chat gai.

Un jour, alors que j’étais avec des amis en train de savourer des haïkus en buvant du thé, voici qu’apparurent le chat gai et le Capitaine qui fredonnait un air bien triste qui contrastait fort avec le souris de son chat. La complainte du Capitaine s’accompagnait d’un déhanché macabre qui nous stupéfia. Un jeune matelot jouait du shamisen, pinçant les cordes funestes avec une agilité étonnante. Que se passait-il donc ?

Soudain, le matou miaula à l’abordage et sauta sur le shamisen, pardon sur le mât de misaine, notre Capitaine la rejoignant en hurlant. Le spectacle fini, nous invitâmes le Capitaine et son chat à nous rejoindre…

 

 

 

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