Alertoplum

La femme au bâton

 

 

Femme bâtonniste

Au début du XXe siècle circulaient beaucoup de petites images (les chromos) au verso ou au dos desquelles les commerçants faisaient imprimer leur adresse ou incitaient à consommer leurs produits. Ces images, qui se déclinaient souvent en thèmes, faisaient la joie des enfants qui les collaient sur des albums.

C’est ainsi que la maison B. Bourgeois et Labbé, fabricants de chicorée (« le « Moka japonais ») et de tapioca « japonais » pur manioc, a fait éditer une série sur les sports où figurent de gracieuses dames à taille de guêpe. L’une d’elle illustre LE BATON, qu’elle tient du bout des doigts, comme une baguette de chef d’orchestre. Elle est cependant protégée d’un masque grillagé et de manchons et évolue sur le plancher d’une salle d’entraînement.

Article rédigé par Laurent Bastard.

                              

L’auteur anonyme d’un article publié dans le Magasin pittoresque d’avril 1877, sous le titre « Lutte de femmes » (p. 119-120), rapporte avoir lu à Rome, en 1809, un petit conte satirique inspiré de l’observation d’un fait divers.

Cette histoire est celle de Jupiter qui, dans une Olympe triste et délabré puisque les anciens dieux ne sont plus adorés, voulut s’amuser à provoquer une petite guerre. Comme ça, juste pour voir s’il avait encore quelque pouvoir sur les êtres humains. Jupiter choisit de vérifier si elle pouvait encore se produire entre deux femmes, comme aux temps antiques.
Il lança une pièce d’or du haut de l’Olympe, et la fit tomber sur le palier qui séparait la demeure d’une femme de ménage et d’une matelassière. Au bruit de la pièce, les deux femmes sortent en même temps et veulent s’en emparer. Chacune revendique la propriété du sou. Une terrible furie s’empare d’elles.Et Jupiter de s’écrier : « Quoi, Muse, faut-il réellement que je te croie quand tu me parles d’un gourdin noueux savamment manoeuvré par les bras blancs d’une faible femme ? d’une amphore remplie d’eau bouillante transformée en une masse d’armes ? » Et l’auteur du poème de conclure : « Oui, mes bonnes âmes, vous avez bien raison. Pour qu’une femme oublie à ce point la douceur et la modestie qui sont l’honneur et l’ornement de son sexe ; pour qu’une chrétienne abjure à ce point la charité qui est l’esprit de la loi nouvelle, et la dignité que lui a conférée la mort sanglante du Fils de l’Homme, il faut que le lion dévorant l’ait trouvée sans défense ; il faut que le vieux levain du paganisme impur ait fermenté dans son âme. La lutte de deux femmes ! c’est une de ces horreurs auxquelles on refuse de croire, même quand on les a vues de ses propres yeux ! » Mais la lutte de deux hommes, alors, est-elle plus belle et plus noble ?…

La scène a été illustrée par Bartolomeo PINELLI, peintre, dessinateur et graveur romain (1781-1835), dont un contemporain disait qu’il se promenait dans les rues de Rome vêtu modestement, accompagné de deux gros chiens et tenant à la main « un gourdin qui avait pour pommeau une figure de bronze. » (selon la notice que lui a consacré Wikipédia).

Article rédigé galement épar Laurent Bastard (crcb.org//femme-au-bâton) aller voir ce site, il est formidable...

 

 Le portrait de la femme au bâton  

Nicolas Bouvier in Le poisson-scorpion (1982)      

Elle, colossalle, noire de peau le dans un sari blanc qui irradie, siége au coeur de ses possessions,le front bas perlé de sueur, assise, sure un sac de lentilles derrière une balance romaine. En étandant les bras  ou en s'aidant d'unbâton terminé par un croc elle vous sert sans quitter sa place et comme elle ne bouge presque pas, sa vitalité lui monte au visageet sur l'encolure par une quantité de grains de beauté sur lesquels le poil frise. L'oeil est noir, souvent mutin. Je préfère cent fois la société enjouée de cete grosse laie à celle de tous les zombies de ma rue tellement consummé en arcanes et mités d'irréalité qu'ils en oublié jusqu'au brjuit d'un pet.

Pierre Loti in Prime jeunesse (1919)

Elle entra, dans un rayon de soleil ayant à la main un long bâton qu'elle tenaut comme une canne du xviii° siècle, et vétue d'un peignoir genre créole que je ne lui avais encore jamais vu, blanc à grands dessins jaune d'or, pli Watteau, crinoline et quantité de volants. De son regard si fin, souvent un peu moqueur et si drôle, elle nous interrogea tout de suite sur l'effetr produit ayant l'air de nous dure "Je suis tout de même un pri cocasse n'est-ce pas, dans mes fabalas de deux sous.

VOICI D'autres FEMMES AU BÂTON :

Bâton 6

copié in "LA FORCE DES FEMMES - centerblog"                                  

 

 Elle tapait sur les arbres avec un bâton ferré. J’avais mal pour eux tant la férocité de son attaque marquait l’écorce. Je me demandais bien pourquoi cette petite femme haute comme trois pommes, étriquée dans une robe grise à l’ourlet de guingois se comportait avec une telle sauvagerie. Je la dépassais, curieuse de voir son visage au cours de sa crise assassine. Elle avait un visage enfermé dans une colère  immobile, les dents serrées sur des insultes qu’elle n’exprimait pas. Elle tapait, tapait et quelque fois des faines ou des glands tombaient des branches et l’atteignaient en plein visage sans qu’elle semble s’en apercevoir. Elle continuait à marquer de son bâton ferré tous les arbres de la forêt. Je la laissais partir, consterné.

Je sus plus tard que c’était la fille du vieux châtelain ruiné qui finissait ses jours à l’hospice du Chesnay. C’est la commune qui avait tacheté les hectares à l’abandon. Sa fille venait infliger sur les troncs les blessures et les marques identiques à celles qui rayaient l’âme de son père.

Monique

Hardiment plantée au milieu de la rue, la fesse abondante dans le pantalon bleu mal coupé, épaules carrées dans le blouson mais enchignonnée strict et chic sous le béret, elle nous tourne le dos. De son cercle magique, elle réduit à néant les efforts de la meute pour tracer librement son chemin, divise en augure l'espace, trace des voies imaginaires. Sa danse frénétique de sémaphore déréglé nous offre  son trois quart arrière puis avant, puis son profil, moins bouledogue qu'on n'aurait pensé. Quand elle pivote complètement vers nous, c'est pour mouliner du bras notre exeat, pontuant de son bâton blanc ses coups de sifflets rageurs.

Magali

Elle s'était assise sur "le" rocher. Un sourire de madone embellissait son visage aux doux yeux vert lagune. Pour elle, il n'y avait qu 'un rocher sur cette falaise, celui sur lequel un soir d'automne elle s'était recroquevillée, les yeux embués de larmes amères. De longs sanglots d'outre tombe secouaient son corps meurtri. Les larmes succédaient aux larmes donnant l'impression que cela ne s'arrêterait jamais. Oui elle était belle et elle entendait le rester. Est-ce cette pensée qui fit cesser les sanglots et les larmes ? Lentement elle s’était mise debout, avait regardé longuement les flots apaisants, écouté le clapotis des vagues se brisant sur les rochers, saisi le bâton avec lequel il avait voulu la frapper et l'avait lancé dans la mer.

Marie-Madeleine

 

"Bravo à toutes !" semble nous dire Pierre Loti :

Pierre Loti

Loti on the day of his reception at the Académie française on 7 April 1892
Voir aussi la page "Le grand turc"

Nicolas Bouvier

" Selon une chanson populaire afghane, le personnage grotesque,

 c'est celui qui reçoit son hôte  en lui demandant d'où il vient,

 puis le tue de questions des pieds à la tête".

Nicolas BOUVIER

 

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