« Cinq racines préférées»
Un texte de Pablo Neruda, gravé sur six piliers élevés devant sa maison bâtie sur les flancs du Cerro San Cristobal, à Santiago du Chili parle de ses « Cinq racines préférées». L'une est l'amour sans fin, la seconde est l'automne, la troisième est l'hiver grave, en quatrième lieu, l'été rond comme une pastèque, et pour finir, les yeux de son amour.
Et voici les nôtres…
Première racine
L’observance du non-jugement à l’égard d’autrui. C’est vrai que ma mère me disait toujours de ne pas mettre des étiquettes sur les gens car on ne voit que l’apparence.
L’amitié indéfectible : l’ami est celui qui vous aime en tout temps
L’amour sans fin des êtres : végétal, animal, humain, terrestre, astrologique, la création de l’univers
La liberté de faire ce qu’on veut, partout, avec qui que ce soit ; être contraint coupe le souffle et le goût de vivre
La nonchalance africaine : soleil, soleil, soleil brûlant. Les pas se ralentissent, la sueur perle, rien ne presse
Deuxième racine
Tribus d’enfants : cris joyeux, yeux gourmands à l’heure du goûter. Les mains se tendent. Pleins de chocolat, rassasiés, ils retournent s’égayer dans le champ voisin.
La mer, l’océan calme ou furieux. Je me ressource devant l’eau
L’amour indéfectible envers les animaux, les enfants, les êtres humains, le cosmos
Le respect craintif envers mes parents. J’aimais mes parents et leur pardonnais de ne pas être assez moderne à mon goût mais je ne regrette pas l’éducation reçue
L’eau claire et pure du lac d’Annecy ou de tout autre lac. Profondeurs cachées, mystère, force de la nature, beauté totale qui peut consoler et abreuver ma soif
Troisième racine
L’esprit de partage qui fait battre le cœur, qui fait se sentir solidaire de la marche du monde.
La terre de Provence. J’aimais aller chez ma grand-mère en Provence. Nous allions dans la garrigue cueillir le thym, la sauge, la lavande. Au pied de la Sainte Baume, la terre était rouge
La musique et surtout la voix humaine qui exprime, enchante, créant aussi bien la parole que le silence
Le café liégeois (le meilleur était celui que faisait ma grand-mère)
La terre cévenole : odeur des blés coupés ? ballots de grains ? Coquelicots hardis ?
Quatrième racine
Le regard d’un inconnu : il m’embellit
La garrigue provençale : âpreté, couleurs, parfums et lignes épurées
La maison Castelmuro (salon de thé à Marseille) pour qui ne la connaît pas, ce nom évoque une maison merveilleuse sur une falaise dominant la mer
La côte bretonne sauvage entre granit et roche noire, fin de France, dernier regard de la terre sur la mer où l’esprit des korrigans endormis la protège
Les lectures adolescentes, moments privilégiés auprès de personnages devenus familiers et qui vivent encore avec moi
Cinquième racine
Les autres : plaisir d’échanger regards et mots. Plaisir d’éveiller des émotions. Plaisir de les partager
Croire en Dieu : Son questionnement nourrit ma vie
La beauté en toute chose, les arts, les rapports humains, les actes de la vie
L’aventure possible tapie au coin de la rue, au coin du jour, pouvant transformer le cours de l’existence, comme une lettre d’amour trouvée au matin dans une boite aux lettres alors qu’on ne l’attendait plus
La marche manquée, mais pas la chute dans l’escalier
Anne, Claire, Lise-Noëlle, Marie-Madeleine, Monique - Atelier des plumes – Noisy - Dimanche 4 mai 2008-