Un atelier d'écriture ?
Alerte aux plumes /Plumes alertes est un atelier d'écriture.
Des plumes (très) alertes se réunissent chaque mois pour écrire et partager découvertes, auteurs, souvenirs, poèmes, fous rires, émotions... Faites un petit tour dans ce blog pour avoir une idée de leur production.
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Billet du jour
« Quoi de neuf ? » Me demande-t-on sans cesse. J’écrase la nouvelle dans l’œuf car mes nouvelles ne sont jamais du jour, mais toujours de la veille. Je ne suis pas une poule qui pond des œufs frais, ce dont je me félicite tous les jours. Je me demande bien comment tournerait le monde si, n’étant pas un perdreau de l’année, je pondais des oeufs coqs dans le seul et unique but de faire gober la vérité en erzatz (s'il y a une faute à ce mot-la, tant pis je la laisse, j’ai droit à une coquille) à qui lirait ces lignes. Pourtant l’avenir est une page blanche et je suis une oie blanche, mais l'analogie va s'arrêter là. D’ailleurs savez-vous que l’oie de Toulouse peut peser jusqu’à 10 kilos ? On comprend mieux le raffut qui fut au capitole. Le poids des mots, le choc des cocos… Donc mes nouvelles ne sont pas du jour. Pas du jour d'aujourd'hui (Pâques) mais pas non plus du jour de demain. Non ! Si je marche sur des œufs avec l’actualité, c’est en vraie poule mouillée. L’actualité est fragile. Elle ne dure pas. Et heureusement car elle ne parle que d’œufs et pots cassés. N'en faisons pas tout un plat. Restons-en là, dans le panier d'oeufs de l'atelier de plumes*. Plus de billet du jour, jamais ! Je m’en tiens dorénavant et personnellement aux vieilles nouvelles pour être sure qu’elles ont bien existé, pour les trier et ne garder que les bonnes.
Signé : MO, La reine des poules (à lier, nées )
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Billet de l'an neuf (2014)
Je laisse la parole à Jean-Baptiste qui lui-même laisse la parole à Yago, le perroquet du méchant Jafar dans Aladin et la lampe merveilleuse (traduction d'Antoine Galland) pour le choix de la phrase de l'année :
"Quand je déprime, je me déplume !"
"C'est bien vrai ça !" lui répondrait la "mère Denis" si elle était encore dans sa buanderie avec toute la bande de plumes ci-dessous :
les Grandes plumes : Catherine, Anne, Claire, Jean-Baptiste, Lise-Noëlle, Magali, Marie-Madeleine, Mariette, Mo, Olivier... mais aussi les plumes "occasionnelles" comme Anaïs, Rémi, Hélène, Maëlle, Mathieu, Aurélie, Monica, Colette, Dominique, Michel, Brahim, Rob, Romain, les nouvelles plumes Marie-Emilie, Marylène, Arnoul, Chantal, Anne-Claire et les plumes du cercle des poètes disparus comme Pascale, Jack, Sophie et Nathalie, Laïla, Christelle...
Ces créations textiles sont de Anne-Gaëlle Poirier
Et bien, moi, quand je déprime, je mets des plumes !
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Quand les poètes s'ennuient alors il leur ar-
Rive de prendre une plume et d'écrire un po-
Eme on comprend dans ses conditions que ça bar-
Be un peu quelquefois la po-
Esie
Raymond Queneau (L'instant fatal)
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" Cette année dit Tristouse, la mode est bizarre et familière, elle est simple et pleine de fantaisie. Toutes les matières des différents règnes de la nature peuvent maintenant entrer dans la composition d'un costume de femme. J'ai vu une robe charmante, faite de bouchons de liège... Un grand couturier médite de lancer les costumes tailleurs en dos de vieux livres, reliés en veau... Les arêtes de poisson se portent beaucoup sur les chapeaux. On voit souvent de délicieuses jeunes filles habillées en pèlerines de Saint-Jacques-de-Compostelle ; leur costume, comme il sied, est constellé de coquilles Saint-Jacques. La porcelaine, la faïence, le grès sont brusquement apparu dans l'art vestimentaire... Les plumes maintenant décorent non seulement les chapeaux, mais les souliers, les gants, et l'an prochain on en mettra sur les ombrelles. On fait des souliers en verre de Venise et des chapeaux en cristal de Baccarat... J'oubliais de vous dire, que mercredi dernier, j'ai vu sur les boulevards, une rombière vêtue de petits miroirs appliqués sur un tissu. Au soleil, l'effet était somptueux. On eût dit une mine d'or en promenade. Plus tard, il se mit à pleuvoir, et la dame ressembla à une mine d'argent... La mode devient pratique et ne méprise plus rie, elle ennoblit tout. Elle fait pour les matières ce que les romantiques firent pour les mots."
Guillaume Appolinnaire, Le Poète assassiné, Paris 1927
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Gouverneur. Il avait l'air le Gouverneur de promener sur son uniforme tout l'or de ses finances et avec le soleil dessus c 'était à ne pas y croire, sans compter les plumes. p.166
... Pendant trente ans ça les avait réveillés presque chaque nuit, un peu ou beaucoup, cette sale pensée-là. Etabli dans les plumes ce garçon ! Songez un peu si on a des crises dans les plumes depuis trente ans ! Y a peut-être pas eu un métier plus mauvais que la plume, plus incertain. p. 317
... Le fameux fils plumassier, on ne le voyait presque jamais. Une ou deux fois le jour de l'an. C'était tout. Mais à présent d'ailleurs il aurait pu toujours y venir le plumassier ! p. 319
... Bistoquette ! Napoléon ou pas ! Cocu ou pas ! Plaisir d'abord ! Que crèvent les quatre cent mille hallucinés embérésinés jusqu'au plumet ! que'il se disait le grand vaincu, pourvu que Poléon tire encore un coup ! p. 447
... J'imaginais alors, je ne pouvais m'en empêcher, toutes espèces de suites dramatiques à la dégringolade de la mère Henrouille dans sa fosse à momies et la peur me montait des intestins, m'attrapait le coeur et me le tenait à battre, jusqu'à m'en faire bondir tout entier hors du plumard pour arpenter ma chambre dans un sens et puis dans l'autre jusqu'au fond de l'ombre et du matin. Au cours de ces crises je me prenais à désespérer de me retrouver jamais assez d'insouciance pour pouvoir me rendormir. Ne croyez donc jamais d'emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s'ils peuvent dormir encore ?... Si oui, tout va bien. Ca suffit. p.539
Louis Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit - Folio texte intégral Gallimard -1982
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"Je suis apaisée à présent, Plume, j'ai fait ce que j'avais à faire, dit ce que j'avais à dire. Viens, love-toi au creux de mes doigts, enlaçons-nous, jetons-nous sur la piste. D'abord un tour pour rien, s'échauffer avec quelques gribouillages, des traits, des boucles... Voyons ce qui va surgir à notre insu..."
Lydia Flem - La Reine Alice - La Librairie du XXI° siècle - Ed du Seuil - 2011
Un rire pour se laver, et pour laver chaque mot. Qu'on le laisse un siècle au fond d'un gouffre sans lumière, sans nourriture, sans feu et qu'on le remonte, et il respire. Dans quelle langue, dans quel silence difficile à manier ? Ne pas insinuer ce qu'on ne voufrait pas insinuer, se taire juste, ne pas tout mettre dans son silence. En trois lignes, comme Saint-Simon raconte la vie de ce chartreux, milicien, musulman, Turc, gouverneur, apostat, abbé, tuant l'un, tuant l'autre, alors Plume absolument furieux sortit ses révolvers, fit feu sur lui et, rentrant dans la salle, abattit tous les hommes présents. On pourrait dire, on pourrait donner le rhume des foins, on pourrait recevoir une balle. Hors d'ici avec mes phrases !
Bernard Collin in "Les globules de Descartes"- Ivréa édition, Paris, 2004
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Entre nous, ce genre de plume. Battement d'aile et léger tracé d'un invisible filet de voix. Remuement de sens et de son. Labouche tout près de son reille, je t'offre la petite musique. Ferme les yeux, puis rouvre les. Cette heure tranquille et chuchotée nous appartient. Je me tais, entends-tu ?
Jean-Michel Maulpoix - Une histoire de bleu - Gallimard 2005
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Antipode
au matin rouleur de la première force de la première épave de la dernière aurore
nos dents feront le bond d'une terre au haut d'un ciel de cannelle et de girofles
tu ouvriras tes paupières qui sont un éventail trés beau
fait de plumes rougies de regarder mon sang battre
une saison triomphante des essences les plus rares
ce sera tes cheveux
ballant au vent puéril la nostalgie des longues canéfices.
Aimé Césaire - La Poésie- Ed. du Seuil- 1959
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La chatte s'endormit brusquement surle flanc, le menton en l'air, les canines découvertes comme un fauve mort ; des plumules de l'arbre-à-perruque, des pétales de clématites pleuvaient sur elle sans qu'elle tressaillît au fond du rêve où elle goûtait sans doute la sécurité, la présence inaliénable de son ami. son attitude vaincue, les coins tirés et pâlis de sa lèvre gris-pervenche avaouaient une nuit de veille misérable.
Colette - Chats - Albin Michel - 1950
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- Mademoiselle ?
- C'est quoi une prostituée ?
Oncle Jack se lança dans une autre longue histoire sur un ancien premier ministre qui siégeait à la Chambre des Communes et soufflait sur des plumes en essayant de les maintenir en l'air, ce qui affolait ses ministres. Je suppose qu'il essayait de répondre à ma question, mais, en tout cas, ce n'était pas clair.
Harper Lee - Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur - Livre de poche - 1989
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Comme sous les boucliers pour se sauver une troupe revint, ramenant les enseignes, avant d'avoir changé tout le convoi de front, ces chevaliers du céleste royaume qui s'avançaient nous dépassèrent tous, avant qu'eût ployé le timon du char. Puis les dames revinrent auprès des roues, et le griffon traina le fardeau bienheureux sans que frémit une seule de ses plumes.
Dante. La divine commédie. Chant XXXII - traduction de Jacqueline Risset - Diane de Selliers Editeur
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"Vous agitez dans nos silences le plumage du rêve et de la nuit.
Tout me fascine et d'abord qu'il soit issu de vos seuls songes."
Stéphane Mallarmé
(Dans une lettre adressée à Odilon Redon qui devait illustrer " Jamais un coup de dès n'abolira le hasard")
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« Le messager aux rayons clairs se hâte d’obéir : il noue sous ses pieds ses divines sandales qui, brodées de bel or, le portent sur les ondes et la terre sans bornes, vite comme le vent, et plongeant de l’azur il tombe sur la mer, puis court sur les flots, pareil au goéland qui chasse les poissons dans les terribles creux de la mer inféconde et va mouillant dans les embruns son lourd plumage. Pareil à cet oiseau, Hermès était porté sur les vagues sans nombre. »
Homère -l'Odyssée
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Ce que la plume a écrit ne change jamais
s'en désoler ne procure qu'une tristesse profonde
Même en subissant l'angoisse toute sa vie
Tu n'ajoutes pas à celle-ci une goutte de plus.
Omar KHAYYAM (Les Quatrains)
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Lahti, quel beau souvenir je garde de sa contrée au sud de la Finlande, de sa forêt, de son lac Vesijarvi ! Ou plutôt de ses lacs, ai-je envie de dire, puisque tout autour de la vaste et longue, longue étendue d'eau qui joint les environs de lahti à la ville de Jyvaskyla, à plus de 150 kilomètres vers le nord, tout autour du grand lac Peîjänne, foisonne un essaim de lacs de dimensions plus modestes. Des lacs à profusion, comme autant d'îles d'eau dans l'océan des arbres, ou encore comme ces yeux fascinants qui s'ouvrent tout grands sur le plumage du paon quand il fait la roue.
Georges-Emmanuel Clancier - Le passant de Vérone (Lettre d'Helsinki) Editions du Rocher - 2001
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Soltento il tempo veramente scrive
usando come penna il nostro corpo.
trad : Seul le temps écrit véritablement en se servant de notre corps comme une plume.
Valerio Magrelli (extrait) Ora serrata retinae (d'une voix l'autre, Cheyne 2010)
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il y avait en elle quelquechose de pathétique, mais de merveilleux aussi. On aurait dit que quelqu'un avait pris un minuscule grain de pure vie et la revêtant le plus délicatement possible de duvet et de plumes, l'avait fait sautiller et zigzaguer pour nous révéler sa vraie nature.
Virginia Woolf - La mort de la Phalène
Décrivant une courbe sans heurt, avec précipitation, exactitude, en silence, là, à l'instant précis qui convenait, la voiture s'arrêta à la porte. La jeune fille, en bas de soie, chapeautée de plumes, évanescente, mais à ces yeux pas particulièrement attirante (car il avait eu son coup de coeur), mit pied à terre. Par la port ouverte, Peter entrevit, et approuva, des majordomes admirables, des chows-chows couleur fauve, des halls marquetés de losanges blancs et noirs, des stores blancs gonflés de vent. En un sens une oeuvre parfaite en son genre que londres ; la saison; la civilisation.
Virginia Woolf - Mrs Dalloway - 1925
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Des stylos des stylos pens plumes
D'abord d'un bleu cassé par terre
A Didsbury à Manchester
De l'Organ Donor Register
Ensuite celui qui trace ici
Mon éloge trés mal arrimé
Ma gratitude à ce petit séjour anglais
Crayonnant tandisqu'il neige neige neige
Au cimetière de novembre à Heptonstall
La tombe de Sylvia Plath even amid fierce flames
The golden lotus can be planted
Un bouquet de stylos pens plumes
Sous l'épitaphe je reviendrai
Jouer quelque chose au clavier
Valérie Rouzeau (Vrouz)- La table ronde - 2012
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L'école a été ma torture irrémissible, une monstruosité que je n'ai pas oubliée. Je vois le petit encrier et la plume et l'encre mauve.Ce qui m'intéressait c'était les couvertures de cahier dont je faisais une collection. (...) Des petits écoliers à mes côtés, rien n'est resté. Je butais contre eux et c'était tout. Etais-je inhumain ?
Malcolm de Chazal (Autobiographie spirituelle) l'Harmattan 2011
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Je me penche vers le verre de
ta voix raptée dont le refleurir
meurt chaque printemps Il
suffit la nuit du parfum d'un lys et
tu te dévoiles de sexe à moi seul Toi
qui n'habites plus ni le matin
ni le soir
; te brises encore Hier
j'ai cru distinguer un présage
aux plumes lacérées des oiseaux
en cage de Hania seule
tu pourrais composer le sens
de ce poème qui devant moi
s'ouvre telle une fenêtre;
et se ferme aussitôt Beaucoup de clés manquent ; on n'explique
pas les dons pour les absents même
si les mains bougent encore
dans l'argile Ah
que tu ne répètes-tu ces mots
que tu me disais dans la voiture !
Mathieu Bénézet - Marges d'un océan - Milletunepages - Flammarion 2013
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Il semble à trois gredins, dans leur petit cerveau,
que, pour être imprimés, et reliés en veau,
Les voilà dans l'etat d'importantes personnes;
qu'avec leur plume ils font les destins des couronnes (...)
Molière - les femmes savantes - acte IV, scène 3- 1672
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Il arrive en courant que ma plume se trompe
et jouant de malheur
ne sache s'inspirer d'insectes dont la trompe
Ne se trompe de fleur;
Je n'ose contrôler cette ombre de mes veines
En fuite par ma main
Et que puis-je changer si les mots qui me viennent
Se trompent de chemin.
Trompé, toujours trompé sans voix qui me renseigne
Voilà mon triste sort.
Ainsi le veut ma nuit. C'est du sang que je saigne.
C'est de l'encre qui sort.
Jean Cocteau - Clair-obscur Gallimard 2003
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Une plume se pose
au bord de la fenêtre
et repart
Daniel Py - La Valise entr'ouverte - Anthologie de haîkus du Kukaï Paris - Unicité -2010
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« Maintenant il ferait bon dormir jusqu’à ce que les rêves deviennent un ciel calme et sans vent où quelques plumes d’ange virevoltent doucement, où il n’y a rien que la félicité de celui qui vit dans l’ignorance de soi. »
Jon Stefansson (La tristesse des anges)- Gallimard - 2009
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Ici toujours s'interpose entre le geste
et la plume, entre patience et passion,
un nom qui est ton acte de naissance
Et le monde dont tu es le comptable
et l'abîme. Puis se déploie la page
qui parle ton histoire : une eau lointaine
glisse entre tes racines, tu es entré dans le soir
circulaire et le centre d'un oeil où tu te vois
Lionel Ray - Comme un château défait - Gallimard- 1993
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la plupart des jeunes écrivans et artistes se roulentdans la description come sur un lit les amants de la lune de miel, car elle vient plus facilement sous leur plume que quoi que ce soit d'aute. Avec les années ils gagnent en maturité et dicipline et renoncent à cette commodité. Dans les meilleurs cas, is ont indéniablement raison. Mais j'en reviens à soupçonner que l'appétit insatiable de décrire, et mêlé à l'action, n'est pas un vice nécaissairement; Les objets ordinaires, et les atmosphères, sont d'une telle beauté intrinsèque et stature qu'il peut y avoir avantage, chez qui les les décrit, à se vouloir plus d'aplomb et d'effronterie, et non pas moins. (...) Depuis quand un peintre de paysage s'excuse-t-il de peindre des paysages; et depuis quand, pour y revenir, une vache devrait-elle mettre une fausse herbe ou jouer au cheval, ou, d'un autre côté, rougir et trembler devant le fait excellent d'être une bonne vache ordinaire, créature que ne sera jamais aucun cheval ?
James Agee (Louons maintenant les grands hommes) Plon - Terre humaine - 1972- livre signalé par Charles Juliet comme celui qui l'a poussé à l'écriture du réel.
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On le croirait tout ce qu'il y a de plus inoffensif, une boule de duvet ondoyante qu'on devine douce au toucher, rien de plus, mais un jeune fulmar vous crache à la figure une espèce de lymphe oléagineuse à moitié digérée qui sent comme le poisson pourri dans sa phase ultime, apocalyptique de décomposition. Le poussin démarre dans la vie en crachant sur ses parents et, trés vite, apprend à cracher littéralement sur tout ce qui bouge, sauf précisémment ses parents. Vous aurez beau faire, vous n'arriverez pas à ôter ce fluide immonde de vos vêtements. Au moins, vous avez toujours la ressource de changer de vêtements. Mais si le sort a voulu que vous ne portiez que des plumes, vos jours de vol sont finis, aussi finis que si vous aviez trmpé dans une marée noire.
Lawrence Millman - Coins perdus - Un parcours dans l'Atlantique nord - Actes Sud - 1995
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Concert en plain air
la fine fleur de la fanfare
en jabot de plumes
Isabelle Emery (Kukaï de Paris)
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De temps en temps Barnaba fait un pas en arrière, de temps en temps il fait un pas en avant, ou il se déplace sur le côté pour annuler la réverbération lumineuse des projecteurs sur la pellicule brillante de la toile qui rend la vision encore plus difficile pour lui ; parfois, il aurait envie de toucher cet endroit ou cet autre du tableau, ou bien il ferme les yeux en s'efforçant de rappeler à son esprit l'image qu'il a vue dans les livres, quand il voyait un peu mieux, puis l les rouvre : il doit y avoir quelque part des billets, celui écrit par Marat pour accompagner un assignat destiné à un paysan qui en avait fait la demande, celui de Charlotte Corday avec sa supplique, mais il ne parviendrait pas à en lire le texte, la seule chose qu'il distingue, peut-être parce que cela l'a beaucoup frappé, c'est ce qui est écrit sur la cassette en bois, "...ME CORROMPRE, ILS M'ONT ASSASSINE", et il la regarde avec le même sentiment de certitude qu'un scaphandrier en train de lire le nom incrusté d'une épave au fond de la mer, certain qu'il s'agit exactement de ça ; il doit avoir quelque part, des plumes et un encrier, quelque part un couteau ensanglanté et une blessure, mais, pour Barnaba, les trouver et les reconnaître en recomposant toutes les parties et les sentiments n'est pas un effort moins grand que s'il devait détacher le tableau du mur, dans toute sa hauteur, le prendre dans ses bras et l'emporter. Et il en éprouve autant de fatigue et de désorientation.
Daniele Del Giudice (Dans le musée de Reims) - récit - La Librairie du XXI° siècle - Seuil -2004
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J'ai vingt-six ans, je suis né à Lourdes dans les hautes-pyrénées. Lourdes, la cité mariale, les miracles, les apparitions, la grotte... Vous voyez ? En réalité je m'appelle Tarik Essaïdi. C'est mon nom de naissance. Jérôme Léon c'est mon pseudo. Enfin je n'aime pas le terme de pseudo. c'est un nom de vie. Et surtout pas un nom de plume ! Quelle horreur un nom de plume !
Olivier Steiner (Bohème) - Gallimard - 2012
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Elle portait une loque de manteaux roux,
avec de grands boutons de veste militaire,
un bicorne piqué d' un plumet réfractaire
et des bottes jusqu'aux genoux.
Sa carcasse de cheval blanc
cassait un vieux petit trot lent
de bête ayant la goutte
sur les pierres de la grand' route ;
et les foules suivaient vers n' importe où,
le grand squelette aimable et soûl
qui trimballait sur son cheval bonhomme
l' épouvante de sa personne
jusqu' aux lointains de peur et de panique,
sans éprouver l' horreur de son odeur
ni voir danser, sous un repli de sa tunique,
le trousseau de vers blancs qui lui tétaient le coeur.
Emile Verhaeren "le fléau" in Les campagnes hallucinées - 1893
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Le lendemain matin, toutefois, je me dis que ce serait trop bête de ne pas voir d'un peu plus près de quoi il retournait. J'achetai donc une petite bouteille d'encre, une plume d'oie, quelques feuilles de papier...
Arthur Conan Doyle - Les aventures de Sherlock Holmes - Une affaire d'identité (1891)
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Le temps ne passait plus ni la blanquette de veau
lorsque mon père a quitté des vaches le plancher
papa comme une plume oui mon père si léger
qu'est-ce qu'il aurait duré papa dans cet état
Aérien d'homme en train d'être un ange tout petit
Mon papa diminuait avec mon espèrance
Quand même il était aussi jaune qu'un poisson clown
Au mois de février de quatre vingt dix sept
Au coeur d'avant-printemps il ne respira plus
Les fourmis allaent travailler sans lui toujours
Les belles oies voleraient sans lui pareil la lune
La lune fabriquerait des ronds et des croissants
A jamais le gros monde ferait sans papa plume.
Valérie Rouzeau (Vrouz) -la table ronde- 2012
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Sur la branche du mirabellier l'oiseau s'est posé. Le petit peintre japonais voudrait peindre l'oiseau. Il a pris ses parchemins, ses pinceaux. Il s'approche et l'oiseau s'envole. Le petit peintre japonais attend que l'oiseau revienne et l'oiseau revient. Mais le peintre ne voit pas bien juste l'endroit près du bec où trois plumes jaunes s'ouvrent sur six plumes rouges. Il s'approche encore et l'oiseau s'envole.
Marcela Depastre - les disparates- Ed dau chamin de Sent Jaume- 1968
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Et pendant que j'agitais ces pensées, la cloche de l'église du Claddagh se mit à sonner. Les gens âgés disent : " quand on entend une cloche qui sonne, c'est que poussent les ailes d'un ange."Je vous l'accorde, les personnes âgées croient à tout un tas de conneries délirantes. Mais cela ne m'empêchait pas d'apprécier l'idée, même si, sur les anges, je ne savais foutrement rien. Mes compagnons de voyage étaient les diables et les démons. (p.54)
Je réglai la note, sortis et, je n'en crus pas mes yeux, il y avait une unique plume blanche sur le sol. Au moment où je me baissais pour la ramasser, une grosse chaussure se posa dessus et l'abima irrémédiablement.
Ken Bruen (En ce sanctuaire) Série noire Gallimard 2008
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Adieu l'étang et toutes mes colombes
Dans leur tour et qui mirent gentiment
Leur soyeux plumage au col blanc qui bombe,
Adieu l'étang.
Adieu maison et ses toitures bleues
Où tant d'amis, dans toutes les saisons,
Pour nous revoir avaient fait quelques lieues,
Adieu maison.
Adieu vergers, les caveaux et les planches
Et sur l'étang notre bateau voilier,
Notre servante avec sa coiffe blanche,
Adieu vergers.
Adieu aussi mon fleuve clair ovale,
Adieu montagne! Adieu arbres chéris!
C'est vous qui êtes ma capitale
Et non Paris.
Max Jacob (1876-1944) mort en déportation) Le départ in « Le laborantin central »
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La scène qui se passa au Moraï dépasse en horreur les massacres les plus fameux dans l'histoire, et les indigènes, entraînés par l'exemple se montrèrent vandales autant que nous-mêmes.
Au bout d'une heure tout était bouleversé, les statues brisées, chavirées, et on ne savait pas encore laquelle aurait l'honneur de se voir couper la tête, pour aller figurer au Louvre entre les divinités égyptiennes et les taureaux ailés d'Assyrie. Les sauvages entremêlaient leur affreuse besogne de danses et de cris qui n'avaient rien d'humain. Mais, debout et à l'écart, se tenait un vieux chef, la tête hérissée de plumes noires, qui contemplaient avec tristesse ces destructions, et jouait le rôle des Romains et Mr Couture. Lui seul sans doute avait conservé du respect pour ces choses sacrées... La statue choisie est couchée la tête en bas, face contre terre ; elle cède aux efforts des leviers, tourne sur elle-même, et retombe brusquement sur le dos, sans pourtant écraser personne. Sa chute est le signal d'une danse générale; les sauvages lui sautent comme des fous sur la figure et sur le ventre, et gambadent jusqu'à en perdre haleine...
Pierre Loti - (L'Ïle de Pâques )- Journal d'un aspirant de la Flore - Christian Pirot Editeur - 2011
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L'oiseau mécanique
L’oiseau tête brûlée
Qui chantait la nuit
Qui réveillait l’enfant
Qui perdait ses plumes dans l’encrier
L’oiseau pattes de sept lieues
Qui cassait les assiettes
Qui dévastait les chapeaux
Qui revenait de Suresnes
L’oiseau l’oiseau mécanique
A perdu sa clef
Sa clef des champs
Sa clef de voûte
Voilà pourquoi il ne chante plus.
Robert DESNOS (1900-1945) mort, comme Max Jacob en déportation
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Quand les cheveux de Paloma ont enfin daigné pousser (et qu'ils se sont révélés aussi blonds et lisses que ceux de Vida) sa mère s'est mise à les lui coiffer en répétant inlassablement : "On dirait des plumes".
Véronique Ovaldé (Des vies d'oiseaux) l'Olivier 2011
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Quand je me réveille et me sens tout montagne
pas besoin de chercher
on a compris.
Plus Pelée que le temps ne l'explique
D'autres fois à me tâter tatou, je m'insiste
de toute évidence en Caravelle, étreignant
sans phare tous feux éteints
un océan d'huile fausse et de flibuste
Parfois c'est une cannaie en fleurs qui m'improvise
plumet en tête.
Balance ce n'est pas bon signe.
C'est que j'attends l'imminente arrivée d'un mildiou rabougrisseur.
Aimé Césaire Seuil - 1994 - (3) Comme un malentendu de salut ...
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Le kvass est une boisson vulgaire, résultant d'un ferment de pain noir, cette boisson, qui est rafraichissante et n'a rien de désagréable au goût quand elle est bien faite, est presque toujours manquée dans les ménages où, personne n'étant à son devoir, tout est négligé et laissé au hasard. De là vient la nécessité d'envoyer acheter tout dans les boutiques de la ville, auxquelles, au contraire, on devrait porter cent sortes de denrées, lait, beurre, oeufs, miel, légumes, cire, plume, ratafias et conserves, pour peu qu'on se mêlat d'économie dans son domaine.
Nikolaï Vassilievitch Gogol (Les âmes mortes) 1838
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Il neige de l'étrange
sur la main gantée de noir
qui reçoit en légères plumes
l'écorce des bouleaux
les oiseaux du froid perdent leurs rémiges
et s'abattent sur le jardin
Marie-Claire Bancquart (Verticale du secret)- Obsidiane - 2007
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Voilà à quoi Cyril va consacrer ses prochains jours. Il demandera à Blanche de lui sortir la liste des refusés. Il sélectionnera les cas les plus graves. Il formera un club d'entraide mutuelle qui leur permettra de décrocher, à force de
réunions et d'analyses. D'extirper le démon qui les ronge. Plusieurs étapes. D'abord reconnaître le mal. Puis avouer son impuissance à lutter seul. Les premiers guéris partiront évangéliser le pays. Debout, les damnés de la plume ! Seuls subsisteront les vrais écrivains, qu'il publiera; les autres
cesseront d'inonder en vain les maisons d'édition de leur production.
Jean-Marie Laclavetine (Première ligne) Gallimard - 1994 -P 64
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Elle est là à portée de la plume, elle est là par la fenêtre, dans le flou d'un regard suspendu. Elle vous tend la main et vous devenez autre chose que ce que l'on vous demande d'être. L'hyperactivité retombe et le poids de jours efficace s'élève soulevé par les voies d'une pensée ni abstraite ni concrète mais en apesanteur.
Fabrice Bourlez ( Manifeste du droit à être dans la lune) Hors Série de la Revue "Dans la lune"
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J'aurai tricorne avec plumet
galons d'or et galons d'argent
baudrier, sabretache.
Ah ! me voilà joli garçon
et toutes les filles pour me regarder.
Vas tirer ton billet, Yanick,
va le tirer et tu es pris.
Adieu ma petite Marie
avec vous je me conduirai comme un chrétien
retour des îles je vous prendrai
comme ila été promis.
Max Jacob (Le conscrit) Poèmes de <Morven le Gaëlique - Gallimard -1953
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C'est aussi dans la cour de cette ferme qu'il découvre, interdit, la mise à mort d'un poulet, la décapitation au hachoir sur le billot, enfin le volatile qui court, et qu'on laisse s'enfuir de toute la vitesse de ses pattes animées de l'incandescent souvenir qu'il lui faut fuir, malheureusement sans tête, en geyser de sang et de plumes, qui divague et trébuche pour s'abattre sur le flanc en de lentes convulsions. Le fils est pétrifié, il regarde la scène par le côté, de face il ne peut, ne comprenant pas l'espèce de frémissement des lèvres de la fermière qu'il interprète comme l'esquisse d'un sourire de contemplation devant la course éperdue de l'animal décapité. Le poulet déplumet redevient alors une forme qu'il connaît, et quand il cuit, le fumet des chairs rôties le ravit. Le fils s'étonne plus tard de cette étrange césure, coupe, coupure dans son imaginaire qui lui permet de dissocier à ce point l'insoutenable vision de la mise à mort du gallinacé et la vue du plat sortant du four, cette volaille dont la peau dorée gonfle et craquelle, et qui exhale un enivrant parfum de cuisine.
Luc Lang (Mother) Stock 2012
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Au milieu du vacarme de la gare de Pennsylvannie, Ignacio Abel s'est arrêté en entendant quelqu'un l'appeler par son prénom. Je le vois d'abord de loin, parmi la foule de l'heure de pointe, une silhouette masculine identique aux autres, rapetissées par la dimension imposante du bâtiment, comme sur une photographie de l'époque : pardessus légers, gabardines, chapeaux; chapeaux de femme au bord incliné sur l'oreille et petites plumes sur le côté; casquettes rouges des porteurs et des employés du chemin de fer ; visages estompés par la distance ; pans de pardessus ouverts que l'énergie de la démarche fait flotter en arrière ; courants humains qui s'entrecroisent sans jamais se heurter, chaque homme et chaque femme est une silhouette semblable aux autres et pourtant dotée d'une identité aussi indiscutable que la trajectoire unique qu'elle suit à la recherche d'une destination précise ; flèches de direction, tableaux avec des noms de lieux et des heures de départ ou d'arrivée, escaliers métalliques qui résonnent et tremblent sous le galop des pas, horloges suspendues aux arcades d'acier ou couronnant des panneaux indicateurs verticaux où de grandes pages de calendrier permettent de voir de loin la date du jour. Il doit être nécessaire de tout savoir avec exactitude : ces lettres et ces chiffres, d’un rouge aussi intense que celui de la casquette des employés de la gare, indiquent un jour proche de la fin d’octobre 1936.
Antonio Munoz Molina (Dans la grande nuit des temps)- Seuil - 2012
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Qu'un ange puissant qui avait de grandes ailes et un corps trés long couvert de plumes de toute espèce vint vers la noble montagne, enleva la moelle ou le coeur de l'arbre le plus élevé, arracha la couronne de sa feuillure et le porta en bas. Bible Prophète Ezéchiel (19,12)
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Mais soudain on se tait, on s'égaille en sauve-qui-peut, un trille aigu retentit : c'est le cri de guerre du faucon. Le voici... le croissant effilé de ses ailes se dessine sur le ciel bleu; il monte en ligne droite, s'appuyant sur le vide, par élans succéssifs sans aucun tournoiement ; son regard ne s'aveugle point sous le soleil ! Il s'élève si haut que l'oiseau menacé se rassure... alors, dans une chute à pic le faucon fonce sur sa proie, la saisit dans ses serres, la déplume en plein vol, et lui perce le coeur pour en boire le sang.
Pois chiche est troublé ; iloscille entre l'admiration et le dégoût. Il tourne ses regards vers le fleuve paisible : un martin-pêcheur y guette le poisson, qu'il survole dans une immobilité trépidante ; soudain il tombe comme une pierre, plonge le bec et happe...
- Toujours tuer pour vivre, toujours tuer pour manger ! existe-t-il un monde où l'on puisse vivre sans tuer ?
Schwaller de Lubicz (Her-Bak, Pois-Chiche) Champs - Flammarion, 2001
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Des fleurs de cornouiller, flétries par la chaleur, tombèrent au moment où Sarah referma la porte. Franck mit Cee debout, puis passa le bras droit de sa soeur autour de son cou. La tête sur l'épaule de Franck les pieds qui n'imitaient même pas le mouvement de la marche, elle était légère comme une plume. Franck parvint à l'arrêt de bus et attendit ce qui lui sembla une éternité. Il passa le temps en comptant les arbres fruitiers dans pratiquement tous les jardins - poiriers, cerisiers, pommiers, et figuiers.
Toni Morrison- Home -Christian Bourgeois - 2012
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Moi je venais en dernier, attrapant Ludwig par les bretelles dès qu'il filait. Je devais faire attention, car il se distrayait souvent, s'arrêtant pour ramasser des plumes d'oiseaux, des mouches mortes et des mégots de cigare. Il fourrait tout dans sa poche. Des objets crasseux, jetés, cassés. Mais qui avaient besoin d'être sauvés, conservés, aimés. C'était un enfant trop sensible, Ludwig.
Luigi Garnieri - Une étrange histoire d'amour - (lettres italiennes) Actes Sud - 2012
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Nos livres étaient plus vieux que nous
nous les feuilletons du regard de peur de casser leurs os
dans les deux sens pour que les mots s'ébrouent
dans l'obscurité quand la nuit rapetissait
le livre de botanique était notre potager
un miroir le dictionnaire avec ses mots réfléchis
cachés aux regards malveillants les livres écrits par mégarde
Nous lisons entre deux chaises quand les jours raccourcissaient
en japonais hindi ou hébreux grâce au décalage horaire
tournions les pages dans un bruit d'ailes et de plumes
lisant du même coup pour les pigeons du châtaignier.
Vénus Khoury-Ghata - Où vont les arbres - mercure de france - 2011
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Les herbes plumeuses leur chatouille le nez.
Virginia Woolf - Les vagues - Livre de poche
Voilà comment tout a commencé. Un soir, après le thé, nous étions six ou sept. Les unes regardaient la mercerie d'en face où les plumes écarlates et les mules dorées chatoyaient encore dans la lumière de la vitrine; d'autres trompaient leur désoeuvrement en empilant des sucres sur le bord du plateau à thé. Autant que je me souvienne, au bout d'un moment, nous nous sommes rapprochées de la cheminée, et nous nous sommes mises, comme toujours, à faire l'éloge des hommes - qu'ils étaient forts, et nobles, et brillants, et courageux, et beaux ! Qu'elle était enviable celle qui, peu importait comment, avait réussi à lier son sort à l'un d'entre eux ! - lorsque Poll, qui n'avait pas ouvert la bouche, a fondu en larmes. Il faut que je vous dise que Poll a toujours été un peu bizarre. Son père lui-même était singulier, d'ailleurs. Il lui a légué une fortune, mais sous condition qu'elle livre tous les livres de la Bibliothèque nationale.
Virginia Woolf - Une société in la fascination de l'Etang - proses - Le Seuil, 1990
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Avec l'introduction, les ouvrages doivent se livrer à un autre exercice : définir leur sujet. Ou objet. Je me perds toujours entre les deux termes, explications et étymologies ne m'étant d'aucun secours. Quoi qu'il en soit, comment pourrais-je définir l'autisme ? A renfort de citations issues de manuels médicaux ? De grandes affirmations péremptoires ? Une fois encore, je ne sais pas. Je peux tout au plus tenter d'avoir recours à la petite histoire, aux petites histoires des gens. N'est-ce-pas, après tout, ainsi que, sous la plume d'Hérodote, naquit ce que nous nommons la grande histoire . La quelle prenait un "H" majuscule, bientôt affublées de -ismes, allait déboucher sur une machine à traquer l'anormal, là où le natif d'Halicarnasse devenu athénien d'adoption voulait narrer les vies, sérieuses et invraisemblables, de tous, des Grecs comme des Barbares. Curiosité qui lui valut durant des siècles une réputation de simples d'esprit.
Josef Schovanec - Je suis à l'Est ! - Plon - 2012
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Entre nous, ce geste de plume. Battement d'aile et léger tracé d'un invisible filet de voix. Remuement de sens et de son. La bouche tout près de ton oreille, je t'offre la petite musique. Ferme tes yeux, puis rouvre les. Cette heure tranquille et chuchotée nous appartient. Je me tais. Entends-tu ?
Jean-Michel Maulpoix - L'instinct de ciel - Poésie/Gallimard 2000
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Lui, s'entêtant dans un concours de patience, resta jusqu'au lever du jour à côté du petit-duc mais, à cause de cette présence, celui-ci, figé dans son immobilité, n'accordait même pas un regard à la nourriture. Pourtant, vers l'approche de l'autre, sans doute tenaillé par la faim, l'oiseau s'approcha de la viande. Lui, tournant la tête au bruit des pas sur le perchoir le surprit : les plumes du crâne dressées, une expression d'extraordinaire sournoiserie dans les yeux mi-clos, le rapace tendait le cou vers son repas, mais, relevant brusquement la tête, il souffla haineusement vers l'homme avant de reprendre l'air de rien. Lui, feignit de regarder ailleurs. Quelques moments après, il entendit de nouveau l'oiseau. Leurs regards se rencontrèrent. L'oisau quitta derechef sa nourriture. Cela se répétait quand, déjà, la pie-grièche se mit à chanter avec véhémence la joie du matin. Quant à lui, bien loin de détester le petit-duc, il en fit sa consolation.
Yasunari Kawabata - La danseuse d'Izu (bestiaire) Albin Michel 1973
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Comme s'il jouait avec une balle de pâte à modeler d'une souplesse exceptionnelle, qui se prête comme rien d'autre à son désir de triturer, les faisant balloter, l'un et l'autre entre ses deux mains, les bousculant tour à tour, comme le boxeur qui fait valdinguer entre ses poingts d'un côté et puis de l'autre, dans un coin du gymnase avant de monter sur le ring, le ballon fixe sur lequel il s'entraîne, mais que lui, au lieu de taper dessus comme un sourd, ne bourre que de petits coups affectueux, comme dans un édredon en duvet d'oie, moelleux et qui ne risque pas de perdre ses plumes. Il tire sur le bout. Reprend toute la quantité en une poignée. Tire dessus. Re-malaxe. Prend du recul. Regarde. Recommence. Fait balloter. Comme s'il ne pouvait plus s'arrêter.
Christine Angot - Une semaine de vacances - Flammarion- 2012
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Je ne sais pas bien si je suis éveillé ou si je dors...J'ai depuis in moment l'impression mal définie d'être au milieu d'oiseaux qui chantent, qui volent si près de moi que je sens, quand ils passent, le vent de leurs plumes... en effet ce sont des hirondelles empressées, qui ont des nids remplis de petits, contre les solives de mon plafond bas !
Pierre Loti (Vers ispahan) Calman-Levy- 1904
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Il y avait des corbeaux sur ses terres depuis toujours, depuis qu'il était enfant et qu'il les avait observés. Parfois on aurait dit qu'ils jouaient : on les voyait dans le ciel qui viraient et tournaient comme des enfants s'amusant à se courir aprés, puis ils repliaient leurs ailes et tombaient du ciel. Magnus savait combien ce devait être excitant, ce vent qui leur cinglait les plumes, la vitesse du plongeon. Puis la chute cessait, ils reprenaient leur vol et leurs cris résonnaient comme des éclats de rire. Une fois il les avait vus dans la neige glisser sur le dos du haut de la butte jusqu'à la route, l'un après l'autre, exactement comme le faisaient les garçons de la poste sur leurs luges jusqu'à ce que sa mère leur crie de ficher le camp.
Ann Cleeves - Noire solitude - Belfond 2009
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"Le lich Suaineabhal" dit Kenny. Il se tourna vers Fin, le sourire aux lèvres. "On a l'impression d'être un dieu ici. Quelque chose attira son attention au-dessus du lac. "Ou un aigle." Fin suivit son regard."Nous avons vingt-deux couple nicheurs entre ici et le domaine de North Harris. La plus importante densité d'aigles royaux de toute l'Europe."
Ils observaient l'oiseau qui se laisait porter par les courants ascendants, preque au même niveau qu'eux une envergure de près de deux mètres, les plumes écartées aux extrémités des ailes, en éventail à la queue comme des doigts jouant avec chaque mouvement de l'air.
Peter May - Le braconnier du lac perdu - dernier tome de la trilogie des lewis. Le Rouergue/noir - 2013
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Lorsque le monde des hommes n'envoie plus de signal, une teinte nouvelle sur le plumeau des cèdres, un reflet dans la neige deviennent des évènements considérables. Je ne mépriseai plus ceux qui parlent de la pluie et du beau temps. Toute considération sur la météorologie a une dimension cosmique.
Sylvain Tesson ( Dans les forêts de Sibérie) Gallimard - 2011 prix Médicis essai
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C'est-il une plume d'oie ? Trés longue et blanche. J'ai vui des oies voler à la tombée du jour, j'entendais leurs cris, et ces moments-là sont bons à se rappeler. C'était en Angleterre à l'automne. Où allaient-elles ces oies ? Je ne l'ai jamais su. Mais quelquefois leus plumes se détachaient, flottaient et venaient se poser dans les champs de blé où nous les trouvions, Cora et moi et nous les emportions à la maison. Elle ne savait pas écrire mais les plumes lui plaisaient. Elle les caressait en murmurant tellement longues et blanches...
Susan Fletcher - Corrag - (Un bûcher sous la neige) - Plon - 2010
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Et moi, j'enterre mes plumes dans la tête des lecteurs !
Nicanor Parra poète chilien de 97 ans, prix Cervantes 2011
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Etendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur. "Tiens, pensa-t-il, les fourmis l'auront mangé..." et il se rendormit.
Henri Michaux (Plume) Gallimard - 1963
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Je dus me retenir à d'invisibles agrès, j'aurais roucoulé. Les mots n'eussent pas seulement, ni le ton de ma voix, exprimé ma ferveur, je n'eusse pas seulement changé, c'est vraiment l'appel du plus amoureux des gibiers que ma gorge eût lancé. Peut-être mon cou se fût-il hérissé de plumes blanches. Une catastrophe est toujours possible. La métamorphose nous guette.
Jean Genet ( Journal du voleur) Gallimard - 1949
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Noircir les pages jusqu'à l'épuisement des mots et surgissement de ce personnage que je vois pour la première fois
je ne connais pas son nom
inutile de lui demander
il ne sait pas écrire
il ne sait pas parler non plus
il sait seulement qu'il est né du contact de la plume et du papier
du voisinage de deux mots que le gasard a mis côte à côte
il se laisse faire lorsque je l'installe au milieu de la ligne entre un verbe et un objet
mais l'écarte un rien lorsqu'il essaie d'occuper tout le terrain et fait la sourde oreille lorsqu'il tente de m'entraîner dans l'action
J'ai décidé d'être seule maître du jeu...
Vénus Khoury-Ghata - Orties - Editions Alain Gorius - 2011- Prix Goncourt de la Poésie 2011
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"Nulle chose ne m'est plaisir, en dehors de toi." Milton était aveugle, tout comme le capitaine, c'était un poète anglais qui avait perdu la vue à l'âge adulte. Il composait plongé dans les ténèbres et c'était sa fille qui transcrivait ses poèmes. Nous rendons donc grâce à ses mains, en espérant toutefois qu'elles avaient une vie en dehors de la poésie, espérons qu'elles ont eu l'occasion de serrer quelque chose de plus doux et de plus chaud que le maigre bois de la plume. Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le coeur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts.
Jon Kalman Stefànsson (Entre ciel et terre) Folio Gallimard- 2010- traduit de l'islandais par Eric Boury
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Tant en Gaule qu’en Italie, tant en Germanie qu’en Hongrie, les Celtes du V° et des siècles suivant ont pratiqué un rite consistant à placer souvent dans les tombes de guerrier, des épées et d’autres armes rendues impropres à tout usage par la torsion (volontaire). La découverte d’armes ainsi déformées, dans les sépultures gauloises, considérées comme celle de guerriers morts l’épée à la main, donnait naissance, dès le 2 ° siècle avant notre ère à l’opinion recueillie par Polybe et transmise plus tard aux historiens modernes, touchant la mauvaise qualité des épées gauloises et la flexion complète qu’elles éprouvaient au contact des armes défensives et offensives des Romains . La torsion des épées celtiques est un rite. La mollesse du fer celtique est un mythe. Il est curieux de constater, dans la pleine lumière de l’histoire, et sous la plume d’un grand historien comme Polybe, qu’un mythe puisse naître d’un rite mal compris tout comme aux époques préhistoriques et nébuleuses où se sont formées les mythologies.
Salomon Reinach - Cultes, Mythes et religions - Bouquin Laffont 1996
Histoire recueillie en 1845 par Melle Bosquet : « Il fallait un messager pour apporter le feu du ciel sur la terre ; Le roitelet, tout chétif et tout faible s’offrit pour accomplir cette mission dangereuse. Mais son audace lui fut fatale, car, pendant le voyage, le feu brûla toutes ses plumes et marqua le léger duvet qui protégeait son corps. » La légende ajoute que tous les autres oiseaux, excepté le hibou, plein d’admiration pour le courage du roitelet lui offrirent pour le dédommager, de leurs propres plumes.
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Trois roses et trois scorpions
et peut-être une aigrette,
L'aigrette épouse le vent
et la rose le scorpion.
Trois roses et le désert.
Trois scorpions et l'éclair.
Voyagerons-nous toujours
à dos d'air et d'océan ?
Trois roses et trois lunes
entre ciel et seule terre.
Un rideau, mais pourquoi vert ?
Et combien de morts de plume ?
Edmond Jabes
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Ce n'est pas moi, ce n'est pas mon nom, ce n'est qu'une phrase qui traîne sur un bout de papier jauni, écrite à la plume d'une encre que le temps a rouillée, jusqu'à manger le papier. Je ne connais rien d'autre que cette route, dans ce désert brûlant, ce soleil aveuglant, cette porte entourée de fil de rasoir. Celle qui m'emporte, cette femme au lent, lourd balancement, à gauche, à droite, en avant, en arrière. Cette femme sans visage. Cette femme à la fois morte et vivante. Elle n'a pas de nom. Elle est le ciel Empyée, le plus secret, le plus haut, le plus caché des ciels. Une nappe cotoneuse glisse éternellement au-dessus de la terre et de la mer. C'est ma mère qui respire en moi, qui bat son coeur en moi, qui frissonne son eau douce en moi, qui chante sa chanson à dormir en moi, donne sa caresse en moi de ses mains longues et chaudes sur la peau de son ventre, la musique de sa voix entre en moi par les fibres de son corps, et le rythme des vagues, le plaisir des mots autour de moi, en moi, jusqu'à ses rêves qui s'enroulent en moi. Le plaisir de son sexe qui ajoute des étincelles à ma vie, qui va faire de moi une étoile éternelle.
J.M.G.Le Clézio ( Personne in Histoire du pied et autres fantaisies) p 325 - Gallimard 2011
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Non è finto il destrier, ma naturale,
Ch’una giumenta généro d’un grifo
Simile al padre avea la piuma e l’ale…
In tutte l’altre membra pare aquale
Era la madre, e chiamassi Ippogrifo ;
Che nei monti ripei vengon, marari,
Molto di là dalli aggiacchiati mari.
Ariosto - Orlando IV, 17
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Moi, j'aurais aimé aider ma mère à débarrasser la table de la cuisine après le dîner. Sur la table, il y aurait eu une toile cirée à petits carreaux bleus ; au-dessus de la table, il y aurait eu une suspension avec un abat-jour presque en forme d'assiette, en porcelaine blanche ou en tôle émaillée, et un système de poulies avec un contrepoids en forme de poire. Puis je serais allé chercher mon cartable, j'aurai sorti mon livre, mes cahiers et mon plumier de bois, je les aurais posés sur la table et j'aurais fait mes devoirs. C'est comme ça que ça se passait dans mes livres de classe.
Georges Perec (W ou le souvenir d'enfance) p 98 - Denoël - 1975
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Un Homme "dévoré par les plumes": Liaisons entre Max Ernst et les oiseaux
Dévoré par les plumes et soumis à la mer,
Des oiseaux de la liberté
Il a laissé passer son ombre dans le vol.
Il a laissé
La rampe à ceux qui tombent sous la pluie
Il a laissé leur toit à tous ceux qui se vérifient.
Son corps était en ordre,
Le corps des autres est venu disperser
Cette ordonnance qu’il tenait
De la première empreinte de son sang sur terre.
Ses yeux sont dans un mur
Et son visage est leur lourde parure.
Un mensonge de plus du jour,
Une nuit de plus, il n’y a plus d’aveugles.
Paul ELUARD - Répétitions- 1921
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Il est écrit : " Au commencement était le verbe !" Voici que déjà j'achoppe ! Qui m'aidera à poursuivre ? Je ne puis à aucun prix estimer si haut Le Verbe. Il faut le traduire autrement, s'il est vrai que l'Esprit m'éclaire. Il est écrit : Au commencement était la Pensée. Considère bien la première ligne, que ta plume ne se précipite pas ! Est-ce la Pensée qui opère et produit tout ? Il faudrait mettre : Au commencement était la Force. Mais au moment même où je note ceci, quelque chose m'incite à ne pas en rester là. L'Esprit me secourt ! Tout à coup, je vois que faire et j'écris d'une main assurée : Au commencement était l'Acte !
Si je dois partager avec toi cette pièce, caniche, évite de hurler, cesse d'aboyer ! Je ne saurais souffrir le voisinage d'un acolyte si génant. L'un de nous deux doit quitter la cellule. C'est à regret que je suspends le droit de l'hospitalité, la porte s'est ouverte, tu peux filer. Mais que faut-il voir ? Ce fait peut-il être naturel ? Est-ce une ombre ? Une réalité ? Comme mon caniche s'allonge et s'élargit ! Il se dresse puissamment, ce n'est pas la forme d'un chien ! Quel fantôme ai-je amené au logis ? Voilà qu'il a l'air d'un hippopotame, des yeux ardents, une effroyable denture. Oh Tu n'y couperas pas. Pour cette engeance à demi infernale, la clé de Salomon est bonne.
GOETHE (Faust) -Cabinet d'étude- p.67 Folio/Théâtre Gallimard
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D'un abîme l'autre
Apre ivresse en suspens
Ivre de lointaines frayeurs
zébrées de proches éclairs
de plumes de paon éparpillées
en papillon de l'instant
d'envol d'une buse
vers la plus haute chute
de rochers moussus
tombés en pluie d'étoiles
de descente irrémédiable
vers l'invisible main
tendue là depuis toujours
mais qui soudain retirée
efface tout mot de passe
apre ivresse en suspens
d'un abîme l'autre
François Cheng - Le livre du Vide médian - Albin Michel 2009
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Trève de la neige ! On oublie les vieux outils dans un état amorti d'ébahissement, reculant l'heure d'empoigner la bèche ou le râteau pour rouvrir les allées. Avec un plumeau, on dégage un duvet de cygne du bord des fenêtres. Les passereaux n'ont pas attendu le jour pour commencer leur minuscule ravage dans les plates-bandes. mais le tricotage d'ouate filée n'a pas cessé. L'écheveau des flocons raccomode sans hâte les fraiches empreintes des chats et des corbeaux.
Hubert Haddad - Le peintre d'éventail - Zulma -2013
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C'était un bateau de nationalité italienne, vétuste, noir et couvert de suie. Aussitôt qu'Aschenbach eut mis le pied sur le pont, un matelot bossu, malpropre l'entraîna avec ces grimaces qui veulent être polies vers une cabine qui avait l'air d'une caverne avec son éclairage artificiel. Derrière une table, le chapeau sur l'oreille, un mégot aux lèvres, un homme à barbe de bouc et aux manières de directeur de cirque de province le reçut avec de nouvelles grimaces, prenant des airs dégagés pour inscrire les voyageurs et leur délivrer leur billet."Venise ! répétat-t-il à la suite d'Aschenbach, en étendant le bras et en tournant sa plume dans la bourbe de l'encrier qu'il tenait penché devant lui. "Venise, première ! voilà monsieur !" Il traca des pattes de mouche, versa sur l'encre fraiche du sable bleu qu'il fit retomber dans une sébille de terre, fit de ses doigts jaunes et noueux un pli au papier et se remit à écrire. Tout en griffonnant il bavardait. "Vous allez à un bel endroit ! Ah Venise ! Quelle ville !"
Thomas Mann -La Mort à Venise ( 1913) p. 52- Le Livre de poche
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Cette pensée des agioteurs contre-révolutionnaires n'était pas aussi étrange qu'elle semblait tout d'abord Toujours ces gens-là s'efforcent de se lguer avec les puissances du jour, et, par sa popularité, pour sa plume, par son caractère, Marat était une puissance formidable. Les Girondins sombraient; les dantonistes, battus par la tempête ne gouvernait plus. Robespierre, l'idole du peuple, était d'une probité jalouse, soupçonneuse et ne se laissait point approcher. Il importait de circonvenir Marat, de s'assurer de sa bienveillance pour le jour où il serait dictateur, et tout présageait qu'il le deviendrait : sa popularité, son ambition, son empressement à recommander le grands moyens - Et peut-être, aprés tout, que Marat rétablirait l'ordre, les finances, la prospérité.
Anatole France - Les Dieux ont soif - Calman-Levy
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De l'autre côté de la vitre, sur le balcon, gisait un moineau, parfaitement immobile et l'air on ne peut plus mort. Une petite brise soulevait par endroit son plumage. Je me suis accroupi pour l'observer de plus près, et je suis resté là, le temps de m'assurer qu'il n'était pas simplement assommé. C'est triste, me suis-je dit, au bout d'un moment, mais c'est la vie.
Et puis j'ai pensé à lui. J'ai décidé de ne pas lui en parler. C'est que je ne tenais pas à organiser des funérailles en règle. Je ne voulais pas que la vue de cet oiseau lui cause quelque inquiétude, qu'il commence innocemment par m'interroger sur la longévité des moineaux, et qu'il en vienne ensuite à me demander quand est-ce qu'on allait mourir. J'avais encore le souvenir douloureux de cette fois où il s'était subitement mis à pleurer, sur le trottoir, et m'avait dit :
" Je ne veux pas que la vie ça dure deux minutes."
Joël Egloff - Libellules - Fin heureuse (Nouvelles) Buchet-Chastel 2012
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Me voilà, une flaque de sueur sous chaque coude, à soliloquer dans ce théâtre vide - où le monologue ne fera jamais le poids - regardant sans voir la rête de raie qui mitonne sur mon primus bleu. Inconcevable qu'il ne se soit trouvé personne pour écrire un répertoire digne de ce Palladio équatorial, qu'on n'ait pas donné la tragédie ou l'opéra sur ces vieux glacis bataves tondus par les chevrettes, que les chapeaux à plumes n'aient pas balayé la poussière pour honorer Desdémone ou Cressida ! Et devant le ciel le plus cabotin de la planète, avec des effets et édifices de nuages qui feraient passer Véronèse et son atelier pour des fainéants ! Je veux qu'on me joue la pièce au lieu de m'étourdir avec le décor, avec cette alternance d'arômes, de perstilences, de solitude et d'attente.
Nicolas Bouvier - Le poisson-scorpion - ( Au théâtre ce soir) P.109- Gallimard - 1996
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Comment le splendide Simorgh apparut-il aux vivants ?
Ce fut au royaume de Chine un soir vers l'heure de minuit. Il envahit soudain le ciel. Nul ne l'avait encore jamais vu. De son corps tomba une plume. Elle se posa sur le pays. La plume de Simorgh était indescriptible. Sa forme et ses couleurs, à peines vues, changeaient. Chacun n'en perçut, qu'un instant, un éclat, mais ce fut assez pour que les coeurs en soient épris.
Ce qu'on peut voir dans cette plume ?
Autant de vivants en ce monde, autant de ses métamorphoses, autant de contours, de couleurs, autant d'empreintes passagères de son incessante beauté.
Bref dire plus m'est impossible.
Farid-ud-Din 'Attar - La conférence des oiseaux- adapté par Henri Gougaud - Points Seuil - 2010
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Surtout, dit Kabwa,tu ne t'écartes ni à droite ni à gauche : tu t'enfoncerais dans la boue et ne compte pas sur moi pour te tirer de là, je n'ai pas assez de force. Et puis, si tu aperçois l'hippopotame, tu le laisses passer, c'est d'abord son sentier, mais, ajouta Kabwa en riant, n'aie pas peur, il ne sort de sa mare que la nuit.
Ils s'enfoncèrent sous la voute des plumets diaphanes des papyrus. Virginia s'efforçait de ne prêter aucune attention au gargouillis continuel qui montait des eaux glauques du marais ni aux soubresauts visqueux qui gonflaient la boue noire.
-On y est dit Kabwa.
Scholastique Mukasonga - Notre-Dame du Nil - (Continents noirs )- p 134 - Gallimard - 2012
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Une nuit, je suppose que j'avais à peu près 8 ans, il était...je ne sais pas, deux, peut-être trois heures du matin... et quelqu'un sonne à la porte. Mon père est dans son atelier et ma mère va répondre en chemise de nuit - tout en plume et soie, comme une star de cinéma. Andy Warhol se tient là avec cette Scandinave d'un mètre quatre-vint-dix et tout un tas de gens qui descendent de la limousine comme si c'était un autobus.
Robert Pobi - L'invisible- Ed. Sonatine - 2012
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Ils avaient des plumes blanches porte-bonheur qu'ils emportaient partout avec eux dans leurs poches, et des cailloux enveloppés dans des chiffons doux qu'ils conservaient dans des tiroirs, pour les prendre dans leurs mains juste un instant, le temps que s'évanouisse l'angoisse.
Julie Otsuka - Certaines n'avaient jamais vu la mer- Phoebus - prix fémina étranger - 2012
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Le temps s'écoule, une heure est sur le point de s'écouler parmi ces émanations de marais, mais voilà que l'on pénètre sur mon territoire, avec précaution, sans se presser, tout en délicatesse, une présence quasi volatile, on m'effleure, on recule, on avance, on se rapproche, qui est la proie, elle se frotte à moi, du front et de la truffe, elle est soudain sur mes genoux, immatérielle et néanmoins réelle, de la plume, du silence qui halète doucement, elle se love sur mes cuisses, pas facile de demeurer en équilibre, je me penche vers elle - il ronronne.
Daniel ARSAND - Que Tal - Phébus - 2013
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D'un bond, elle se se lança comme un fauve s'attaquant à une proie et se mit à courir de toutes ses forces. Cependant, au bout de quelques secondes, elle changea brusquement de direction : elle sauta à gauche en courbant élastiquement son corps svelte. Elle aperçut alors, dans l'élan qui la portait haut dans l'air, quelque chose comme un plumet. Elle tourna la tête encore plus à gauche avant de retomber à terre, et une fois que ses quatre pattes se furent posées sur le sol sableux, elle s'empressa de poursuivre cet objet poilu. Elle voulait à tout prix l'attraper, ce qui l'amena à pivoter frénétiquement autour d'elle-même pendant quelques secondes. Enfin, elle s' affaissa net, le bout de la queue dans la gueule.
Akira Mizubayashi - Mélodie, Chronique d'une passion - (L'un et l'autre) Gallimard - 2013
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Joseph, qui connaissait mon père, avait tout de suite compris que nous partagions, l'un comme l'autre, chacun à notre mesure, un petit enfer domestique; il avait compris, à ma façon de m'attarder devant son étagère, que j'avais hâte d'en sortir, d'entreprendre comme lui ce long voyage immobile qu'on appelle lire. Il avait feuilleté l'un après l'autre quelques-uns de ses bouquins, hochant la tête avant de les ranger en marmonnant, puis s'était soudain décidé pour un petit fascicule qu'il n'avait pas pris la peine d'ouvrir comme s'il le connaissait par coeur, et me l'avait offert sans dire mot. C'était le moins abîmé de sa collection, avec une couverture vieux rose et un titre étrange : Le secret du serpent à plumes. Mon premier livre.
Guy Goffette - Géronimo a mal au dos - Gallimard - 2O13
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En sixième, on pouvait se servir d'un stylo à bille. "Ecrivez" : sur l'ordre du maître on attrapait sa plume et on la trempait dans l'encre. Si l'angle de la pointe sur le papier était trop grand, une goutte d'encre tombait sur la feuille. Si l'angle était trop petit, elle ne glissait pas et on grattait à vide. L'indexe, le médium s'impregnaient de la crasse de ce bleu. Le papier buvard faisait partie de nos fournitures : les élèves pauvres ne pouvaient pas s'en acheter alors ils séchaient en soufflant, mais doucement, une légère brise, pour ne pas étaler l'encre. Sous leur souffle mesuré, les lettres tremblaient en scintillant, comme les larmes et les braises.
Erri de Luca - Les poissons ne ferment pas les yeux- Gallimard - 2013
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Barbara veut continuer sa crainte mêlée de curiosité en utilisant jusqu'au bout la bobine encore aux deux tiers vierge, et non pour photographier des fleurs, un coucher de soleil, ceci ou cela qui soit gracieux, charmant, ainsi qu'elles l'étaient, les quatre oiselles aux plumages bariolés dont l'une était vouée à une mort imminente, une autre à un effroi qui devait longuement l'égarer, une autre à la fuite, et elle-même à un sentiment d'intense incertitude, mais autre chose, tout autre chose, qui soit à l'état cru, comme un morceau de pierre, de fonte, de bois ou d'or brut, un minerai surgissant du sol, quelque chose qui soit âpre, et rude et rauque, comme peut l'être la réalité à ses heures ordinaires, ou l'amour dépouillé de tout atour sentimental.
Sylvie Germain- Petites scènes capitales - Albin Michel - 2013
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Le parc, à cette heure, étendait ses mains blondes au-dessus de la fontaine magique. Un château sans signification roulait à la surface de la terre. Près de Dieu le cahier de ce château était ouvert sur un dessin d'ombres, de plumes, d'iris. Au baiser de la jeune veuve, c'était le nom de l'auberge caressée par la vitesse de l'automobile et par les suspensions d'herbes horizontales. Aussi jamais les branches datées de l'année précédente ne remuaient à l'approche des stores, quand la lumière précipite les femmes au balcon. La jeune Irlandaise troublée par les jérémiades du vent d'Est écoutait dans son sein rire les oiseaux de mer.
André Breton - Poisson soluble - Poésie/Gallimard - 1996
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Edouard Péricourt, le genre de type qui a de la chance.
Dans les écoles qu'il fréquentait, tous étaient comme lui, des gosses de riches à qui rien ne pouvait arriver, qui entraient dans l'existence bardés de certitudes et d'une confiance en soi sédimentée par toutes les générations d'ascendants fortunés qui lui avaient précédés. Chez Edouard, ça passait moins bien que chez les autres parce qu'en plus de tout ça, il était chanceux. Or on peut tout pardonner à quelqu'un, la richesse, le talent, mais pas la chance, non, ça, c'est trop injuste.
En fait, sa veine était avant tout un excellent sens de l'autoconservation. Quand le danger était trop grand, que la tournure des évènements devenait menaçante, quelque chose le prévenait, il avait des antennes, et il faisait le nécessaire pour rester dans la course sans y laisser trop de plumes. Evidemment, voir comme ça, Edouard Péricourt allongé dans la gadoue le 2 novembre 1918 avec une jambe en bouillie, on peut se demander si la chance ne vient pas de tourner, et dans le mauvais sens. En fait, non, pas tout à fait, parce qu'il va garder sa jambe. Il boitera le restant de ses jous, mais sur deux jambes.
Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut - Albin Michel - 2013
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Il arrive que ma mère poursuive mon frère pour lui mettre une fessée. Il se réfugie dans l'angle d'une pièce. Une fois il a l'idée d'aller sur le balcon et j'ai peur qu'il saute. Mais ma mère n'est pas effrayante. Son visage sombre pourrait nous inquiéter, mais on ne peut pas la prendre au sérieux à cause des pantoufles qu'elle porte à la maison, ornées d'un plumet rose, et qui annulent sa volonté de domination. Quelque chose d'important se joue dans le choix des chaussures. A-t-on déjà vu un bourreau en mules d'intérieur ? Et parfois même en robe de chambre nouée à la ceintture ?
Brigitte Giraud - Avoir un corps - Stock- 2013
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Une arche de No. Une quinzaine de mètres de longueur, avec à son bord des dizaines d'animaux taxidermisés : un serpent s'enroulait autour du mât de proue; des singes, figés, taquinaient la vigie où voletaient des couples de perroquets, de grives, de rouge-gorges. Sur le pont, d'autres couples, tigres, éléphants, oryx, attendaient le départ. Mais l'arche était condamnée. Elle puait la mort. La foudre avait frappé le grand mât et, à regarder de près, on voyait que la plupart des animaux qui y avaient cherché refuge avaient été consumés par ce feu tombé du ciel. Les plumes étaient roussies, les pelages ravagés, laisant paraître les squelettes de métal qui faisaient tenir debout les créatures. La chaleur avait figé leur silhouette en d'affreues postures. des ours polaires carbonisés tendaient à l'aveugle des moignons. Les billes de verre qui leur sevaient d'yeux avaient explosé sous l'attaque du feu. Ouvrant dans la nuit de la chapelle des Beaux Arts des gueules démesurées aux maxillaires affaissés, offrant des faces de grands brûlés à poil et à cornes, ils semblaient sortir d'un bestaire créé par un dieu psychopathe.
Christophe Onot-Dit-Biot - Plonger- Gallimard 2013
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La fable a repris ses droits. Le roi l'aime comme elle l'aime - pour l'éternité. Et quand enfin elle atteindra ses douze ans et sera assez grande pour donner un enfant à la France, ils s'aimeront comme s'aiment ses parents, sans jamais quitter leur lit. "Mais alors, interroge l'infante, dans quel lit dormirons-nous ? Le lit du roi ou le mien ?"
Elle pose la question à Mme de Ventadour, à Marie Neige, à l'abbé Perot, son maître d'écriture, à son maître de musique à ses dames, à ses servantes. Quelqu'un finit par lui répondre :
"Vous dormirez dans tous les lits, Votre Majesté."
- Tous les lits de Versailles ?
- Oui, tous.
- Et aussi les lits de Meudon, Marly, Fontainebleau, Chantilly, La muette ?
- oui vous dormirez avec le roi dans tous les lits possibles et imaginables. Lits de plume et de verdure, lits suspendus, lits flottants, tapis de mousse..."
L'infante sourit.
Chantal Thomas - L'échange des princesses - Seuil - 2013
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Il neige de l'étrange
sur la main gantée de noir
qui reçoit en légères plumes
l'écorce des bouleaux
Marie-Claire Bancquart - Verticale du secret - Pigiste de la vie - Obsidiane 2007
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"Salut".
- Ah, c'est toi."
Dans ses bras, un canard tombé dans la fosse grillagée qui protégeait l'arche de l'aqueduc la plus proche du central électrique, sous le triangle jaune "danger" indiquant le voltage. Un gros colvert commun, le cou replié dans la masse de ses plumes, nasillant. Sa patte droite enveloppée dans un mouchoir, lui-même noué à une lime à ongles et un bout de branche étêtée."Pour l'atelle", a-t-il précisé d'ue voie douce mais enrouée. Il avait pris froid.
"Faber", avais-je envie de lui répondre à la manière de celle qui avait été sa mère, "tu vas attrapper la mort".
Tristan Garcia - Faber- Le destructeur- Gallimard, 2013
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A Roissy l'innombrable présence des Blancs la surprit. Des peaux molles, rosées, piquetées, des poulets plumés qui auraient marché serieux-sérieux. La voici qui récupère son bagage, c'est la bonne étiquette, tous les bagages se ressemblent. La voici qui enfile un gros pull, on est en avril, elle tremble.
Marie Darrieussecq - Il faut beaucoup aimer les hommes - P.O.L - 2013
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Mille minuscules souverains de plumes clamaient leur puissance sur mille petits royaumes de lumière changeante où les insectes n'allaient pas tarder à bourdonner innocemment avant de mourir, gobés en plein vol.
Pierre Péju - L'état du ciel- Gallimard - 2013
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Le porte-plume est vert
la cigarette fume
dans le cendrier bleu
un livre de Pierre Morhange
est ouvert sous la lampe
le carnet noir touche à sa fin
Jean-Claude Pirotte - Vaine pâture - Mercure de France - 2013 - dernier poème du dernier recueil
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Deux femmes en robe bleue et chapeau à plumes bleu s'approchèrent de lui, sur le trottoir. Celle qui avait des fossettes lui sourit. Elle était bien mignonne, de la couleur du croquant au cacahuètes, et il se laissa faire quand elle lui prit le bras pour la guider dans la foule.
C'est quoi, tout ça ? lui demanda-t-il.
Elle ne réponit pas. Il se rendit compte que les gens étaient déguisés pour ressembler à des choses qu'on peut trouver dans la nature, nuages, fleurs ou animaux; ses compagnes étaient deux petits merlebleus. La fille but dans un bocal à conserve qu'elle lui tendit ensuite - un alcool de maï suffisamment fort pour faire briller sa trompette, mélangé à quelque chose de doux que Flyod ne put reconnaître.
Ayana Mathis - Les douzes tribus d'Hattie- Gallimasister 2014
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Voyant rouge, je me jettai sur lui dans l'intention de le mettre à terre...Je ne sais si ce fut une autre hallucination ou si la fatigue m'avait affaibli, le fait est que je l'ai poussé de toutes mes forces, je ne pus le déplacer d'un millimètre. On aurait dit une statue d'une tonne, soudée au sol. J'eus beau reculer et me jeter sur lui à plusieurs reprises, il résista à mes assauts. Imperturbable.Je poussai un dernier cri si fort qu'une partie du stuc des murs tomba en morceaux. Ensuite je m'écroulai, vide.
Ejo cessa de réciter. Avec une baguette de bois il frappa sur une clochette.
"Mainrenant oui, tu as cessé de crier en n'utilisant que la moitié de ton cerveau. Tu l'as fait avec les deux hémisphères, plus tous tes viscères. Voilà qui est résoudre un koan ! Il est minuit. La robatsu est terminée. Dors jusqu'à demain."
Telle une plume diaphane, je me laissai tomber dans l'abîme. Quand je me réveillai les rayons du soleil se glissaient par la fenêtre.
Alexandro Jodorowsky - Mu, le maître et les magiciennes. Albin Michel 2005
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Ils naviguaienr sur ces souffles, parmi les odes, au milieu des crachats furieux de tous les feux claquant- et claquant comme claque ce fouet. Slaloms et Bengale, charbons ardents, felouque poils à plumes sur le nuage des braises, becs et griffes élancées sur les grands toboggans célestes, zigzags entre les foudres, éclairs, hop. Je regardais ces frangines bêtes : il y avait une roue devant leur quatregueule figure, une roue (luminescente, translucide, auxeflets verts infiniments réfractés dans l'univers ventral bleu-noir) taillée dans du cristal de péridot et conçue sur la petite île de Zabargad. Quatre figures,quatre roues en rotation, en conflagration, en torrefaction, faisant un léger bruit d'hélicoptère, de frottement, d'accélération, d'abberrant moustique, de guêpe pressée et les quatre roues avaient la même forme, chaque roue paraissait imbriquée dans la roue voisine. Géantes jaunes : foudroyées. Dans les cieux colères. Etincelles all over. Le souffle dans les roues, les têtes là, narines béantes, boeuf bec crinière, roussie crinière, roulant dans les incendies. Flambées d'animaux, feulements embrasés. Tourbillons autodafés. Accélèrent dans l'Holocauste. Rallye fournaise. Le Mans bûcher. Les roues crissent au passage du braséro, freinage au tison, virages grisou. (...) Un trait de feu d'un éclat étincellant partit du ciel entrouvert, pénétra tout mon cerveau et tout mon coeur, à la façon d'une flamme qui chaufferait sans brûler. Peur. Je diffère encore. Je suis vaincu. Une souffrance travaille dans mes moelles, arde dans mes veines. Je sens que ce sera ce qu'on appelle "être".
Yann Moix - Naissance - Grasset - 2013
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Le ministre de la culture au festival de Cannes, c'est le geai paré des plumes du paon qui fait la roue devnt les paparazzi alors qu'il n'est une star ni un créateur et le pique-assiette de luxe qu'on nvite partout dans le vain espoir que le champagne lubrifiera les subventions. J'essaie quand même de me rendre utile pour ne pas avoir trp l'impression d'être un imposteur.
Frédéric Mitterrand - La récréation - Robert Laffont - 2013
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- Dans quel monde êtes-vous, Katie ? lui demanda l'institutrice, à la fin gênée par la fixité de ses pupilles.
Elle n'ignorait pas les distractions de somnambule de la dernière née des soeurs Fox, lesquelles pouvaient trés bien s'inverser en une agitation d'esprit parfois des plus facétieuses. Kate avait rougi et souriait maintenant comme pour s'excuser.
- Dans un autre monde, Miss Pearl, c'est la neige...
Les autres élèves, déconcentrés posèrent leurs bouts de craie ou leurs plumes métalliques de Birmingham. Harriet Mansfield, la benjamine du ranch des éleveurs de chevaux, Lily Brown qui, à seize ans semblait avoir déjà vécu plusieurs vies, deux petites gardeuses d'oie encore innocentes, des chevriers de dix ans libérés pour quelques heures d'étude, Samuel Redfield au fond de la salle, les cheveux ruisselants, qui dodelinait du chef avec un rire muet...
Hubert Haddad - Théorie de la vilaine petite fille - Zulma 2014
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Au mur, j'avais posé un pastel avec un rouge-gorge du Rajastan,
au mur Raminagrobis n'a voulu faire qu'une bouchée de l'oiseau
au mur l'oiseau s'est envolé ne laissant qu'une plume,
en laissant au mur rouler des larmes de pluie
Arnoul Charroy - atelier des plumes le 19.1.2014
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Jaime, dans son rôle de guerrier marxiste, voyant en moi une sensibilité qu'il jugeait féminine, avait décidé de m'élever à la dure. "Les hommes ne pleurent pas et par leur volonté ils dominent la douleur..." Les premiers exercices ne furent pas difficiles. Il commença par me chatouiller les pieds avec une plume de vautour. "Tu dois être capable de ne pas rire !" Je parvins non seulement à dominer les chatouilles de la plante des pieds, mais encore celles des aisselles, et aussi, victoire totale, à garder mon sérieux quand il introduisit la plume dans mes fosses nasales.
Alexandro Jodorowsky - La danse de la réalité - Albin michel - 2001
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Ce qu'est le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, depuis que sa cadence s'est accélérée à l'instant de la naissance quand d'autes coeurs au-dehors accéléraient de même, saluant l'évènement, ce qu'est ce coeur, ce qui l'a fait bondir, vomir, grossir, valser léger comme une plume ou peser comme une pierre, ce qui l'a étourdi, ce qui l'a fait fondre - l'amour; ce qu'est le coeur de Simon Limbres, ce qu'il a filtré, enregistr, archivé, boite noire d'un corps de vingt ans, personne ne le sait au juste, seule une image en mouvement créée par ultrason pourrait en renvoyer l'écho, en faire voir la joie qui dilate et la tristesse qui resserre, seul le tracé papier d'un électrocardiogramme déroulé depuis le commencement pourrait en signer la forme, en décrire ladépense et l'effort, l'émotion qui précipite, l'énergie prodiguée pour se comprimer près de cent mille fois par jor et faire circuler chaque minute jusqu'à cinq litres de sang, oui, seule cette ligne-là pourrait en donner un récit, en profiler la vie, vie de flux et de reflux, vie de vannes et de clapets, vie de plusations, quand le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, lui, échappe aux lisière blanchâtre, mousseuse, milliardsd'atomes catapultés les uns contre les autres dans un halo phosphorescent, et assommés par l'hiver au sortir du camion, étourdis par la nuit marine, les trois garçons maintenant se ressaisissent, règlent leur vision, leur écoute, évaluent ce qui les attend, le swell, jaugent la houle à l'oreille, estiment son indice de déferlement, son coefficient de profondeur, et se souviennent que les vagues formées au large progressent toujours plus vite que les bateaux les plus rapides.
Maylis de Kerangal - Réparer les vivants - Verticales - 2014
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Pour les pasticheurs, il suffit de restreindre le lexique consciencieusement répertorié du modèle aux mots les plus fréquemment revenus sous sa plume pour reproduire sa manière en la caricaturant, bien sûr, car la nymphette qui dénonce les agissements stylistiques de Nabokov n'est pas dépourvue de mauvaise foi (on peut même considérer que cela ajoute au charme ravageur de l'innocente petite garce aux coudes et aux genoux pointus).
Eric Chevillard - Le désordre Azerty - Ed de Minuit - 2014
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Le jeune homme fouilla distraitement une volée de livres et exhuma une édition de 1930 d'une Ornithologie de l'Afrique sauvage d'un certain Edmund Landor. Le livre coûtait trois euros. Landor était le nom de la mère de Jack, Mary Landor, fille d'un mercier de Cincinnati dont la vie n'avait pas eu grand-chose à voir avec les aventures africaines. Jack acheta l'ouvrage et le feuilleta à la terrasse de l'Institut du monde arabe d'où l'on voyait Paris vibrer fièrement à travers le dioxyde d'azote. Il s'arrêta sur la photo d'un pauvre petit oiseau dont le plumage contrastait avec les parures glorieuses des volatiles tropicaux et semblait incarner l'injustice de la répartition de la beauté par les forces de l'évolution. La notice scientifique précisait que l'oiseau, en échangre de quelques grains de mil, conduisait l'homme vers les essaims d'abeille sauvages. Il avait réussi pour cela le nom d'"indicateur" et les hommes usaient de ses services depuis le néolithique pour récolter le miel.
Sylvain Tesson - S'abandonner à vivre - (Nouvelles) Gallimard - 2014
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La vengeance du rossignol
Ce n'est qu'un rossignol perdu sur une branche,
mon ombre qui se laissa apprivoiser,
cette plume grinçante sue laquelle je me penche,
un oiseau favori qui partit sans couvée.
Volatile altéré du bruit d'une fontaine,
tardif mais fréquent,
tu t'envolas au seul bruit de nos chaînrs,
passager périssable mélancoliquement. (...)
Jean Cayrol - Chacun vient avec son silence (Anthologie) Points Seuil - 2009
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Soudain il apparaît entre les pins. Il vole droit, au ras de l'eau. Son plumage a des reflets ardoise. D'habitude, on reconnaît le martin-pêcheur au bleu soutenu de ses ailes qui ont le brillant de l'émail et le lustre de la soie. Si on lui prête une âme sensible, il reste cet être léger que la nature paraît avoir produit dans sa gaité. L'air de rien, il décrit des cercles au-dessus de nos têtes, il chante, il parle la langue des oiseaux. Nous n'y comprenons rien malgré le B.A. Ba entrevu dans les livres. D'ailleurs, les oiseaux ne me comprennent pas davantage quand d'aventure je leur parle. Après cinq minutes de ce manège, notre petit martin-pêcheur s'en va.
Un instant, je crois apercevoir le visage de martin, ses yeux en amande, le dessin de ses sourcils, son sourire.
Bernard Chambaz - Dernières nouvelles du martin-pêcheur - Flammarion - 2014
Perché sur la barrière d'un enclos, un ravissant martin-pêcheur lissait l'éclatante beauté de ses plumes, et chantait en tui, trois notes, et riait, et les chantait de nouveau.
Katherine Mansfield (cité par Bernard chambaz dans l'opus ci-dessus)
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Le plus surprenant dans le salon de ma voisine c'est le grand nombre d'ouvrages au point de croix, coussins et tableaux encadrés aux murs, si bien qu'on se croirait dans une boutique d'art du fil. Perla est en train de broder un oiseau tacheté de brun. en revanche aucune trace d'ordinateur.
- C'est le messager du printemps, dit-elle, l'oiseau fidèle qui revient chaque année. Il ne me reste plus qu'à rendre les reflets des plumes.
Après m'avoir fait signe de m'allonger, Perla s'est hissée dans un fauteuil, au chevet du canapé. Etendue sur le dos, j'attends qu'elle entame la conversation.
-Si tu veux me permettre un conseil, c'est de commencer au plus tôt le processus de désamour.
- De désamour ?
Audur Ava Olafsdottir - L'Exception - Zulma édition - 2013
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Ils faillirent rater le train. Le réveille-matin de leur chambre les avait tirés d'un sommeil lourd, gris, mat comme le plomb. Or ils avaient à peine touché au pinot bouchonné. Il fallait que ce fut la tisane. Ils en avaient repris, certes, mais les tisanes sont censées procurer un sommeil de plume et de gaze dont on sort dispos, l'esprit clair. Au lieu de quoi ils s'étaient levés dans une brume nauséeuse et s'étaient trainés jusqu'à la gare tels des morts- vivants extirpés du cercueil. Stella faisait peine à voir. On aurait dit qu'elle avait vieilli de dix ans dans la nuit. Quant à Golo, les regards consternés que sa compagne lançait dans sa direction ne lui laissaient guère d'illusion. Il ne devait pas avoir meilleure mine.
Georges-Olivier Châteaureynaud - Jeune vieillard assis sur une pierre en bois - Nouvelles - (Les amants sous verre) Grasset 2013
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Arrivée au campement de l'inconnu, elle ouvrit la musette et en sortit l'étui de la flute. La grosse toilr ne renfermait rien de plus qu'une seule plume verte. Laurel la tint quelques instants entre ses doigts, en se demandant où il l'avait trouvée. En tout cas, il avait jugé qu'elle méritait qu'on la garde, ce qui n'était pas ordinaire de la part d'un homme. Laurel remit la plume et l'étui dans la musette et la chargea sur son épaule. Elle jeta un dernier coup d'oeil autour d'elle. Rien d'autre que des chaussettes trop trouées pour être raccommodées, quelques pommes qu'il n'avait pas touchées. En redescendant au rocher, elle vit sur la berge du ruisseau des lobélies cardinales écloses. Elle cueillit quelques-unes des fleurs rouges et les tritura entre les pouces et l'index, en frotta l'huile sur son cou. Plus loin des carottes sauvages étaient épanouies. Laurel sourit de l'avoir remarqué.
Ron Rash - Une terre sombre - Ed. du Seuil - 2014
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Casanova jette sa plume, quitte sa robe de chambre et tient Adèle rieuse entre ses bras, jusqu’au « sanglant sacrifice ». Au matin, la jeune fille soupire, sourit, « et nous voilà dans le solitaire tous les deux amoureux, contents, renouvelant nos transports, et désespérés que notre voyage ne soit pas plus long. » La troisième nuit, plus délicieuse, est à Cosnes. La quatrième à Fontainebleau.
Patrick Wald Lasowski – Le Traité du transport amoureux – le Cabinet des lettres – 2004
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Wallstreet l’aimait encore trop pour accepter de la laisser plumer vivante par moins scrupuleux que lui qui, même dans la dèche la plus atroce, suspendant la satisfaction de ses propres travers, avait toujours eu l’obligeance de lui laisser de quoi boire. Et il en était récompensé par une mise à la porte !
Jean-Yves Cendrey – Schproum – Actes-Sud – 2013
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C'est une femme petite, à l'ossature fine et aux épaules si larges qu'au début l'homme croit regarder un garçon. Elle a les cheveux châtain foncé, tirés en chignon, et des yeux farouches, d'un gris de lune. Il y a en elle quelque chose de brut, de masculin, une méchanceté. Malgré la fraîcheur, la sueur perle à son front. L'homme l'observe qui s'arrête à l'entrée du parking et rejette violemment la tête en arrière. Elle réfléchit. Elle ales yeux pleins de détermination et de peur. Elle avance d'un pas et regarde autour d'elle. La lumière rose et dorée du soleil emplit la rue, et le hululement d'un hydravion passe au-dessus d'elle, et la pluie de la nuit est encore sur la chaussée, sur le trottoir, sur le verre-miroir des façades. Tout brille d'or, de rose et de bleu. Ma mère écoute l'avion, les oiseaux. Si quelqu'un la voit, elle perdra son sang-froid. Elle lève de nouveau la tête, et le ciel matinal a le bleu d'une plume de paon.
Marjorie Celona - Y - Gallimard (du monde entier) 2014
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Au moment de notre rencontre, âgé de quarante quatre ans, chauve, édenté, miné par un cancer, il avait l'air d'un octogénaire souffreteux. Additionnant ses trois condamnations successives, on obtenait un total de quinze ans et quelques mois passés derrière les barbelés. La sévérité des peines tenait à l'originalité de son credo : philosophe de formation, il critiquait non pas les tares spécifiques du régime en place, dans la Russie d'alors, mais la servilité avec laquelle tout homme en tout temps renie l'intelligence pour rejoindre le troupeau. "Mais pourquoi alors vous vous acharnez contre notre pays ?" lui demandait-on au cours des interrogatoires. "Par ce que c'est ma patrie, répondait-il, et voir mes concitoyens sommeiller autour d'une bauge m'est particulièrement intolérable."
Les justiciers y voyaient la pire des subversions. Ils préféraient avoir affaire aux contestataires "classiques" qui se laissaient expulser vers l'Occident, dont l'indifférence repue émoussait rapidement les plumes les plus acerbes.
Andreï Makine - Le livre des brèves amours éternelles - Seuil - 2011
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Travis repéra le bruant jaune à une dizaine de mètres dans le noyer blanc, et regretta aussitôt de n'avoir pas pris sa carabine. Il scruta les bois à la recherche d'un arbre mort ou d'un vieux piquet de clôture où pourrait se trouver le nid de l'oiseau. Un type de Marshall qui montait des mouches donnait deux dollars pour un bruant jaune ou un canard carolin, cinq cents pour une seule belle plume, et Travis avait besoin du moindre dollar et de la plus petite pièce de cinq cents s'il voulait payer l'assurance de son pick-up, ce mois-ci.
Ron Rash - Le monde à l'endroit - Seuil - 2012
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Elvira a disposé une planche de bois sous la treille, du côté de la terrasse où l'ombre vient dès la fin de la matinée. Du matin jusqu'à la fin de l'après-midi, j'écris là. Ma main n'est pas accoutumée à tenir la plume. D'autres l'ont fait pour moi depuis bien des années et plus pour aligner des chiffres que des mots. Lorsque je me discipline à former des phrases, lorsque je me force à mettre de l'ordre dans ce que la vie a jeté pêle-mêle en moi, je ressens dans les doigts et dans l'esprit une douleur bien proche de la jouissance. Il me semble que je participe d'une façon nouvelle au laborieux accouchement par lequel ce qui est venu au monde y retourne, en forme d'écriture, après la longue gestation de l'oubli.
Jean-Christophe Rufin - Le grand Coeur - Gallimard - 2012
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Pourquoi est-ce qu'on dit chauve-souris ? me demanda-t-elle ?
- Je ne sais pas, répondis-je prudemment. Pourquoi ?
- A priori, je serai complètement chauve d'ici à un mois ou deux. Tu parles si je vais faire une drôle de souris.
- Qui t'a dit ça ?
- Une femme à l'hôpital qui a subi le traitement que je vais avoir. Elle était complètement déplumée, j'imagine donc qu'elle doit savoir de quoi elle cause.
Elle observa un moment les maisons et les boutiques qui défilaient derrière la vitre de la voiture avec ce détachement furtif dont elles sont coutumières, puis se tourna de nouveau vers moi.
"On dit être chauve comme un genou et puis quoi ?
- Comme une bille, comme un oeuf. On a une boule de billard.
-Ah !"
Elle gloussa.
"Quand tout sera tombé, je serai le portrait craché de Charlie."
Elle disait vrai.
Il mourut, le Charlie, d'une embolie cérébrale, quelques mois après notre mariage. Anna hérita de la totalité de son argent. Il n'y en avait pas autant que je l'avais escompté, mais il y en avait quand même un paquet.
John Banville - La mer - Robert Laffont (Pavillons) 2007
Dans son gilet jaune vif, dont le dernier bouton est toujours scrupuleusement défait et dont les pointes ouvrent sur son petit bedon rond, il est aussi déterminé et circonspect qu'un oiseau mâle au plumage exotique, un paon ou un faisan, qui, cherchant désespérément à à attirer le regard mais feignant l'indifférence, va et vient majestueusement tandis que la femelle, indifférente, picore le gravillon afin d'y dénicher quelques larves.
John Banville (id)
Mon père était rarement mentionné entre nous, sauf s'il était en retard pour le mandat postal du mois. Elle ne pouvait se résoudre à dire son nom ; il était Gentleman Jim ou Sa Seigneurie ou, quand elle avait une crise de fureur ou qu'elle avait bu trop de sherry, Phil le tailleur de plume ou même Trouduc l'entubeur. Son idée fixe c'était qu'il réussissait très bien là-bas, réussite que, cruellement, il refusait de partager avec nous comme il l'aurait dû et comme on y avait droit.
John Banville (id)
Elle affirme qu'il est temps que je me remette sérieusement au travail.
" Il termine, a-t-elle annoncé à son fiancé, non sans une lueur de fierté filiale, un gros livre sur Bonnard."
Je n'ai pas eu le coeur de lui dire que mon Gros livre sur Bonnard- on croirait qu'elle parle d'un empilement pour chamboule-tout - se résume à la moitié d'un premier chapitre putatif et un carnet de notes rempli de prétendues observations à la noix empruntées ça et là. Enfin, ce n'est pas grave. Je peux faire d'autres choses. Je peux aller à Paris et peindre. A moins que je ne me retire dans un monastère pour y passer mes jours dans la contemplation muette de l'infini ou y écrire un grand traité, une vulgate des morts, je me vois en longue barbe dans ma cellule, avec plume d'oie, chapeau et lion docile ; derrière la fenêtre proche, de minuscules paysans font les foins au loin tandis que plane au-dessus de ma tête la resplendissante colombe.
John Banville (id)
Le colonel va et vient à l'étage, il fait des bruits discrets mais précis ; il est heureux que je m'en aille, je le sais. Je l'ai remercié de son aide la nuit dernière.
"Vous m'avez probablement sauvé la vie", ai-je déclaré, soudain conscient que c'était probablement vrai.
Et vas-y qu'il est parti à souffler et à se racler la gorge - Pouah ! Monsieur, je n'ai fait que mon devoir, bon sang de bonsoir ! -, puis une brève pression de main sur le haut du bras. Il m'a même offert un cadeau d'adieu, un stylo à plume, un Swan, aussi vieux que lui, je dirais, toujours dans son étui, sur un lit de papier de soie jauni. C'est avec lui que je grave ces mots, il écrit bien, glisse rapidement sur le papier avec juste une tache à l'occasion. Ou l'a-t-il déniché, je me demande ?
John Banville - La mer - Robert Laffont (Pavillons) 2007
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Et c'est autour de cet aristocratique bassin, orné de mousses et de lichens, semé de gracieuses figures évoquant farouches nudités et alertes menuets, que se répandirent grands éclaboussements, s'élevèrent poignantes criailleries et stridences, blessant l'oreille et faisant trembler les vitres. De robustes serres de bronze déchiquetèrent chairs et plumes dans un tourbillon confus de blessures ouvertes, spectacle affreux comme jamais l'on n'en avait vu de semblable, même sur les chaînes les plus glauques de la télévision.
Mario de Carvalho - L'art de mourir au loin - Les allusifs - 2014
_________________________________________________________________________Comme beaucoup l'avaient remarqué, les trois ouvrages étaient si différents qu'il s'avérait difficile de les imaginer issus de la même plume. Un phénomène plutôt curieux mais qui n'avait pas empêché Jasper Gwyn de devenir en peu de temps un écrivain reconnu par le public et respecté par une grande partie de la critique. Son talent pour raconter des histoires "tait d'ailleurs indéniable, et la facilité avec laquelle il savait s'introduire dans la tête des gens pour transcrire leurs sentiments particulièrement déconcertante. Il semblait connaître les mots que chacun allait prononcer et deviner à l'avance les pensés de tout le monde. Il n'y a rien d'étonnant si, ces années-là, nombreux le voyaient raisonnablement promis à une brillante carrière.
A l'âge de quarante-trois ans toutefois, Jasper Gyyn écrivit pour The Guardian un article dans lequel il énumérait cinquante-deux choses qu'à compter de ce jour il ne ferait jamais plus. Et la dernière était : d'écrire des livres.
Sa brillante carrière était déjà finie.
Alessandro Baricco - Mr Gwyn - Gallimard - 2011
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Le cousin Pierre portait encore beau. Il était grand, se tenait très droit, avec une moustache fournie. Il s'était trouvé veuf de bonne heure et n'avait jamais éprouvé le besoin de se remarier. Un grand setter irlandais, Tambour, le suivait partout.
- Ces chiens sont fous, disait le cousin Pierre, mais pour la plume, on ne fait pas mieux.
Roger Grenier - Le Pierrot noir - Gallimard - 1986
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Un drapeau blanchi par les lavages flotte à la poupe, symbole du silence des cuistots, tous rentrés maintenant. - Les avez-vous vus, ces cuistots partie vers la haute mer, depuis votre bac de banlieusard, de votre pont, de votre Ford qui vous voiturait vers votre travail, ces marmitons au tablier crasseux, ces minables dépravés, vicieux, miteux comme du marc de café dans un tonneau, négligeables comme des pelures d'orange sur un pont graisseux, blanc comme de la crotte de mouette - pâles comme des plumes - des volatiles - des fous souillés par l'eau de vaisselle, des aventuriers siciliens de la Mer moustachue ? Vous êtes-vous demandé ce qu'était leur vie ? Georges Vareski quand je l'ai vu pour la première fois ce matin-là, au siège du syndicat, ressemblait tellement à ce rôle de marmiton spectral, voguant vers ses Singapour des ténèbres que j'étais sûr de l'avoir déjà rencontré cent fois - quelque part - et je savais que je le reverrai cent fois.
Jack Kerouac - Le vagabond solitaire - Gallimard (folio) - 1969
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Lorsqu’il compose à Ghazni Le Livre des Rois au début du deuxième millénaire, le poète Ferdowsi, qui n’a pas très bon caractère et connaît la portait de son talent, exige du maître des lieux le paiement d’une pièce d’or pour chaque vers composé. Le sultan Mahmud le Ghaznévide, en dépit de sa susceptibilité, les lui accorde dans un élan magnanime. Quand meurt le vizir qui a permis leur rencontre, les deux hommes ne ménagent plus leur orgueil. Ferdowsi proclame qu’il est un génie de la littérature, et que son génie, qui sera loué sept siècles plus tard par Goethe, l’érige en faiseur de roi. Le sultan lui, n’aime pas du tout ce tapage et rappelle sans cesse que l’épée vaut bien plus que la plume et il n’est guère besoin de le pousser beaucoup pour qu’il prouve sa bonne volonté de massacreur.
Olivier Weber - Le faucon afghan – Robert Laffont - 2001
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D. H. Lawrence pense que la nature du chien est double. D'une part il y a une bête féroce, faite pour la chasse, la rapine, le sang. Et d'autre part un être possédé du fatal besoin d'aimer qui finit par lui faire perdre sa liberté. Ce que Lawrence montre dans une nouvelle, Rex :" Nous n'aurions pas dû aimer Rex autant, et lui n'aurait pas dû nous aimer." sa conclusion :" Rien n'est plus fatal que le désastre de trop aimer." n'est sans doute pas, sous la plume de l'auteur d'Amants et fils, valable seulement pour la gente canine.
Roger Grenier - Les larmes d'Ulysse - (l'un et l'autre) - Gallimard- 1998 _________________________________________________________________________ L'arrosage, grimper sur le tabouret, parfois même sur l'escabeau, ensuite éponger le parquet parce qu'on y voit mal et que l'eau finit toujours par couler, ça allait marquer et il faudrait frotter. La taille, grimper encore et couper afin que les tiges ne descendent pas sur le buffet et le fauteuil sur la télé. Le dépoussiérage. Toujours grimper. Mais là, les avis divergeaient. La vaporisation ou le nettoyage avec un chiffon doux, ou encore le délicat coup de plumeau. Mais tous, voisins, famille, s'extasiaient devant ces plantes si belles, si vivaces.
Gisèle Fournier - Tangage - Mercure de France - 2014_
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Tout ça c'était des clichés, je le savais. Tous ces personnages étaient aussi stéréotypés que les Indiens à plumes vendant des tomahawks dans les boutiques pour touriste du Nevada, et pourtant ils existaient, dans les livres, dans les films, dans les chambres de motel. Ils étaient l'incarnation de l'Amérique de Sam Shepard et de David Mamet, de toutes ces petites gens luttant contre une médiocrité reçue en héritage. Je les ai laissé défiler devant moi, routiers fourbus, amants ne s'aimant plus, familles économisant leur malheur, et je me suis endormi en imaginant les pleurs d'un bébé couché sur le lit de gauche, à côté de sa mère pleurant aussi, mais silencieusement, avec ses yeux secs de fille qui envoie chier le Père Noël tous les matins.
Andrée A. Michaud - Lazy bird - Seuil - 2010
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Ne faire l'amour qu'avec ses semblables, telle est la loi naturelle gravée dans le marbre :"faites c que vous voulez de votre peau, de vos désirs et de vos lubies, baisez avec le ventre si le ventre vous plait, avec les yeux ou avec les amygdales, avec vos antennes ou avec vos plumes, à dix ou bien à cent participants et participantes, qu'importe, mais faites-le entre vous ou du moins avec des individus qui appartiennent au même règne que vous. Les escargots aimeront les escargots, c'est tout ce que j'exige, et les tigres, les tigres. pas d'arthropodes amoureux de jaguars et pas d'hyménoptères entichés de poissons. Telle est la loi. Pour le reste, liberté absolue. Débrouillez.vous."
Gilles Lapouge - L'âne et l'abeille - Albin Michel - 2014
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- Le petit doit apprendre les choses importantes.
- Et c'est quoi les choses importantes ?
- Latin, grec, histoire, allemand et français. Pour commencer.
- Mais il n'a que onze ans, Félix !
Onze ans. Il me semble qu'avant je t'ai dit huit ou neuf ans; le temps file aussi dans ces pages. Heureusement, maman tenait le compte. Tu sais ce qui se passe ? Je n'ai guère le temps et pas la moindre envie de corriger tout ça; j'étais dans la hâte, comme quand j'étais jeune, lorsque j'écrivais tout dans la hâte. Mais la hâte d'aujourd'hui est très différente. Et ça ne veut pas dire que j'écris rapidement. Maman répéta :
- Le petit a onze ans et il fait déjà du français à l'école.
- J'ai perdu la plume dans le jardin de ma tante, ce n'est pas du français.
- Et qu'est-ce que c'est ? De l'hébreu ?
- Il doit pouvoir lire Racine.
- Mon Dieu.
Jaume Cabré - Confiteor - Actes Sud - 2013
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Un minuscule objet tremblotant sous le plafond; une toute petite plume blanche qui, lentement, planait, descendait, montait. Derrière la longue table couverte d'assiettes, de bouteilles et de verres, Charles était debout, immobile, la tête légèrement renversée tandis que les invités, l'un après l'autre, intrigués par sa posture, commençaient à suivre son regard.
En observant le vagabondage de la plumette, Charles ressentit une angoisse ; l'idée lui vint que l'ange auquel il avait pensé ces dernières semaines le prévenait ainsi qu'il était déjà quelque part, ici, très proche. Peut-être effarouché, avant qu'on ne le jette du ciel , avait-il laissé échapper de son aile cette minuscule plume, à peine visible, comme une trace de son anxiété, comme un souvenir de la vie heureuse partagée avec les étoiles, comme une carte de visite qui devait expliquer son arrivée et annoncer la fin qui approche.
Milan Kundera - La Fête de l'insignifiance - Gallimard- 2014
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De ma fenêtre, la nuit de mon arrivée, les feuillages, c'étaient des brumes, des écharpes transparentes. Tout était dessiné à la plume, les couleurs ont l'air de fines poudres un peu passées qui s'envoleront si on souffle dessus. Le jasmin avec ses fleurs étoiles de mer blanches et séchées, l'acacia avec ses feuilles frisson, d'autres arbres avec des feuilles vernies, conviennent parfaitement. Les feuilles vernies et noires, les feuilles en zinc peint ou en papier d'argent, tout ce qui évoque la légèreté de fines feuilles de papier ou de minces lamelles de métal, tout peut aller. Il faut que la pierre passe du métal au végétal et le végétal à la pierre. Il faut que la terre, la grasse terre noire et féconde, humide un peu et qui sent, soit passée sous silence, elle est de mauvaise compagnie. Des odeurs de silex, des goûts de pierre à fusil, le sel, voilà ce qui convient à l'île. (Capri)
Jean-Paul Sartre - La reine Albemarle ou Le dernier touriste - Gallimard - 1991
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Je me disais que je ne retournerais jamais en Asie, que l'Afghanistan pouvait rester un nom, l'Hindou Kouch et le Turkestan des visions éphémères, les vallées heureuses et jamais foulées du paradis. Il me semblait tout aussi évident que plus jamais je ne tiendrais une plume dans ma main ni ne couvrirais une feuille de papier de mon écriture. Ce métier me semblait trop pénible, reflet constant de notre existence damnée que je refusais justement d'accepter et de supporter.
Annemarie Schwarzenbach - Où est la terre des promesses ? - (Avec Ella Maillart en Afghanistan ) Payot - 2000
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Après avoir fait demi-tour et être revenu sur ses pas, Joe le vit enfin. Au premier coup d'oeil, il se réprimanda. C'était juste une petite branche dépassant d'un tronc d'arbre à vingt pas de son chemin. Néanmoins, en y regardant de plus près, il vit que ce n'était pas du tout ça, mais une flèche plantée dans le tronc. La hampe était de fabrication artisanale, bien droite, lisse, dépouillée de l'écorce et terminée par des plumes. La seule fois où il avait vu une flèche primitive de ce style, c'était dans un musée. Il photographia avec son appareil numérique, puis il enfila des gants en latex, l'attrapa par la hampe et exécuta avec forces des tractions de haut en bas. Au bout d'un moment, elle se dégagea d'un coup sec et il l'examina. La pointe était en obsidienne, finement effilée et fixée à la hampe par des tendons d'animaux. L'empennage était en plumes de dindon sauvage.
Ca n'avait pas de sens...
C.J. Box - Fin de couse - Calmann-Lévy- 2014
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Dans le quartier de Hlidah, mon épouse Snaldea m'attend, patiente. Je l'imagine occupée à lisser son plumage jaune et à picorer d'un air élégant sa barre de céréales dans sa cage pour écourter l'attente. Mais elle va devoir se passer de moi encore un bon moment. Il me reste à écrire une brève pour demain sur le meurtre de la factrice et je dois commencer la rédaction de mon interview. Elle ne peut pas me passer un coup de fil pour me reprocher mon retard. C'est à la fois l'inconvénient et l'avantage d'être une perruche.
Ami Thorarinsson - L'ange du matin - Seuil (points) 2014
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Il est très difficile d'exprimer une admiration profonde à qui l'inspire. La plume me permet de contourner ce blocage. A l'abri du papier, je parviens à me désempêtrer de mon excès d'émotion. Pessoa dit qu'écrire diminue la fièvre de ressentir. Ce propos sublime ne se vérifie pas chez moi, au contraire : écrire augmente ma fièvre de ressentir mais à la faveur de cette élévation grave d'une température déjà critique, fait jaillir des formes précises de la confusion dans laquelle je baigne.
Amélie Nothomb - Pétronille - Albin Michel - 2014
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Octavia m'autorise parfois à assister à l'entraînement des colombes. Je me tiens sur le bord de la piste tandis que la charmeuse aux poches pleines de graines dessine dans l'air, de son bras habile, les mouvements imprimés aux oiseaux. Leur piaillement me réjouit et c'est ainsi que j'imagine le chant des forêts que je n'aie jamais connu.
Il arrive qu'Octavia leur ordonne de venir se poser sur moi : je dois me tenir debout pattes écartées, elle sème alors quelques graines dans l'épaisseur de ma fourrure, que les oiseaux viennent picorer jusqu'à la dernière - sous l'aisselle, derrière l'oreille, au pli du coude ; mais je ne sens rien, pas un coup de bec ne m'atteint, pas plus que je ne sens les caresses d'Octavia, et cette insensibilité me peine. Je la vois frémir quand une plume glisse sur son bras nu et je voudrais tant me débarrasser de cette carapace de poils, pour sentir sur ma peau à vif ce que sentent Madame Yucca, Alphonsine et Octavia, le poids délicat des pattes d'un oiseau et d'un baiser humain.
Joy Sorman - La peau de l'ours - Gallimard - 2014
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Bénédicte Ombredanne désigna quelque chose du doigt : et ça c'est quoi ? Ca, c'est différent, c'est une flèche pour tirer les oiseaux. Les oiseaux ? Oui, avec un assommoir. Regardez, au bout de la flèche ce n'est pas une pointe, c'est embout métallique, ça assomme les oiseaux. Bénédicte Ombredanne caressa avec son pousse l'extrémité bombée et veloutée du projectile. Elle demanda pourquoi il fallait assommer les oiseaux plutôt que les transpercer. Parce qu'il est interdit de tirer à hauteur d'homme, ou vers le haut : une flèche comme celle de tout à l'heure, acérée, elle est tuante à plus de cent mètres. En retombant du ciel, avec la lame de rasoir qui est au bout, elle pourrait blesser, voire tuer. Les plumes sont implantées différemment , demanda Bénédicte Ombredanne, pour quelle raison ?
Eric Reinhardt - L'amour et les forêts - Gallimard - 2014
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Et dans la rue c'est une plume qui s'est accrochée à mon bras. Je l'ai laissé faire, il était si frêle. Nous avons remonté quelques mètres du boulevard, muets, frigorifiés. Un état de klaxons a jailli d'un carrefour encombré. Quelques secondes plus tard c'était une cacophonie... ça cornait à tout-va, c'était joyeux. Un coup strident a retenti tout à côté de nous, la main de l'homme s'est crispée sur mon bras. Moi, je jubilais. Un concert de klaxons en pline nuit : voilà, c'était ça, la grande ville.
François Jonquet - les vrais paradis - Sabine- Wespieser éditeur - 2014
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Elle sentit quelque chose lui effleurer le visage et faillit laisser choir sa chandelle. Ah - et elle eut peur.
Mais ce n'était qu'un petit moineau pris au piège, bien plus effrayé qu'elle, qui était entré par une des vitres brisées. Ah, l'apaisa-t-elle de la voix - allons, allons, chut petit oiseau. N'aie pas peur - doucement, tout doux ou tu vas te fracasser sur les chevrons. Pauvre petit oiseau, qu'est-ce qui t'a retenu dehors si tard ? Attention, ne te blesse pas.
Le moineau était cramponné à la poutre du plafond, vacillant comme s'il était étourdi. Elle s'attendait à le voir tomber, mais il se ressaisit, la fixant de ses petits yeux terrifiés, poitrail pantelant, plumes frissonnantes en bataille.
Fiona Kidman - Le livre des secrets - traduit de l'anglais (Nouvelle Zélande) - Sabine- Wespieser éditeur - 2014
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J'ai toujours vécu de ma plume, d'abord comme journaliste puis comme auteur de livres et de scénarios pour la télévision, et je tire une certaine fierté de gagner ma vie et celle de ma famille en ne dépendant de personne, en étant seul maître de mon temps. Tout en espérant être un artiste, j'aime me voir comme un artisan, rivé à l'établi, livrant ce qu'on lui commande en temps et en heure, donnant satisfaction aux clients. Les deux dernières années cette représentation de soi plutôt acceptable s'est dégradée. Je n'arrivais plus à écrire de roman, je pensais ne plus jamais y arriver. Même si, grâce aux scénarios, je faisais encore bouillir la marmite, ma vie était placée sous le signe de l'impuissance et de l'échec. Je me voyais comme un écrivain raté, j'en rendais responsable mon mariage malheureux, je me répétais la phrase terrible de Céline : " Quand on n'a plus assez de musique en soi pour faire danser la vie..."Je ne l'avais jamais fait danser bien gracieusement la vie, mais il était sorti de moi un peu de musique quand même, une musique grêle, pas enivrante, la mienne, et à présent c'était fini. La boite était cassée.
Emmanuel Carrère - Le Royaume - P.O.L. - 2014
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oh, il doit être un peu fou, Wilson Bentley, c'est possible, oui, un peu fou. Il se tient seul pendant des heures, allongé sur une claie, entre le tintement imperceptible des flocons sur une plaque de verre et je ne sais quel cri au fond de lui. Et s'il aime photographier les écailles, les plumes, les graines, il a un faible pour la neige. Car la neige, c'est à la fois doux et froid et terriblement impérieux pour l'homme. Cela recouvre tout. La neige est là, immobile, tenace, enveloppant la surface du monde, tenace et morne.
Eric Vuillard -Tristesse de la terre (Une histoire de Buffalo Bill Cody) - Actes Sud - 2014
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Or, tandis que Péleg s'escrimait vainement à se tailler une plume, le vieux Bildad pour ma plus grande surprise (...) non, pas une fois le vieux Bildad ne releva la tête, toujours en train de se marmonner le texte de son livre: "N'amassez pas pour vous-mêmes des trésors sur la terre, où la teigne...
"..et l'un ou l'autre des légers oiseaux de la nuée des ailes qui faisait comme une arche, un véritable dais de plumes au-dessus du poisson, venait de temps à autre s'y poser en silence." (page 869)
Herman Melville - Moby Dick – (1851) - trad. d'Armel Guerne, éditions Phébus – 2005-
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Sur le socle sa Jeanne d'Arc épousseté, tout neuf, l'archange Gabriel étincelle dans la lumière verte, sa robe soulevée par un vent léger. Ses ailes vibrent, ce sont deux écharpes de plumes ; dans le jour des vitraux, ses cheveux sont d'or vert. J'appuie sur le clavier...
Jean-Louis Bory - Mon village à l'heure allemande - José Corti éditeur - 1945
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Je devine donc que si l'écume m'a touché, c'est d'abord en tant qu'elle-même (en tant que chose qui devait être simplement nommée "écume" et non pas comparée à rien d'autre) ; puis au second plan, comme rappel du mot et de la chose "plume" (rappel fortifié par une récente lecture de Gongora), ou "aile" ou "mouette"...
Ce matin l'eau voile l'herbe
l'écume revient aux roseaux
plume par le vent poussée !
Philippe JACOTTET - Paysages avec Figures absentes - Gallimard Poésies
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Gus se mettait dans tous ces états chaque fois qu'il parlait de Louis, ce petit macaque tout déplumé qui connait que dalle, on descendait de la planche qu'on avait calée entre nos deux échelles devant la façade de la maison, et Gus se couvrait la tête avec une serviette humide sans cesser de se plaindre et me menacer.
Paul Harding - Enon - Cherche midi- 2014
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Lorsque je le caresse pour le féliciter,Ruban, l'air de dire encore, encore se frotte contre la paume de ma main. Il aime particulièrement qu'on lui gratouille la tête, là où se dresse sa plume solitaire, et les joues, avec leur disque étranger. Quand il est content il gonfle ses plumes et, joufflu comme un gâteau de riz enrobé de pâte de haricots rouges, il entre en extase, les yeux mi-clos.
Ito Ogawa - Le ruban - Philippe Picquier - 2014
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Maintenant c'est pour eux qu'il écrit. Pour leurs beaux yeux. Il raffole des stylets pour lesquels il a dépensé plus de vingts écus d'or, sans compter les plumes. Deux cents écus ne suffiraient pas à payer son écritoire. Il leur doit maintenant du travail d'encre en échange de leurs lingots. Malgré ses belles plumes, le voilà plutôt sec. C'est à dire qu'écrire est un peu plus compliqué, je pense, que de rembourser lustres, meubles d'acajou et tapis.
Régine Detanbel - La splendeur - Actes-Sud - 2014
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Les meilleures plumes pour l'empennage étaient celles du dindon, mais les plumes du hibou ou de la buse convenaient aussi parfaitement. On n'utilisait jamais de plumes de faucon ou d'aigle car le sang les abimait. Dans la longueur des hampes les plus réussies, on traçait des sillons - deux chez nous, quatre chez les Apaches Lipans. Ca évitait que les flèches n'empêchent de saigner la blessure qu'elle venait de causer, et ça évitait aussi à la hampe de gauchir.
Les pointes des flèches de chasse étaient apposées verticalement, puisque les côtes du gibier sont verticales. Les pointes des flèches destinées à la guerre étaient horizontales, comme les côtes humaines.
Philipp Meyer - Le fils - Albin Michel - 2014
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Son domaine, c'était les nuages. Les longues plumes de glace et de cirrus, les tours bourgeonnantes des cumulonimbus, les nippes déchiquetées des stratus, les stratocumulus qui rident le ciel comme les vaguelettes de la marée le sable des plages, les altostratus qui font des voilettes au soleil, toutes les grandes formes à la dérive ourlées de lumière, les géants cotonneux d'où tombent pluie et neige et foudre."
Olivier Rolin - Le Météorologue- Seuil/Paulsen – 2014
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Ca s'appelle de l'aerogel, une vraie saloperie à manipuler. Le matériau solide à la plus faible densité jamais inventé, assez résistant pour supporter une centaine de fois son poids. Et pourtant il suffit de le regarder de travers pour le déchirer.
- Plutôt contradictoire tout ça.
- C'est le moins qu'on puisse dire. On l'obtient en extrayant toute l'eau d'un composé de silicone. C'est un isolant hyper efficace et léger comme une plume. Un fragment de la taille d'un être humain pèserait moins de 500 grammes et pourrait supporter le poids d'une voiture. Si on va vraiment sur Mars, ce sera en bonne partie grâce à ce truc. Et ça a un nom vraiment classe. Fumée liquide.
Ben Mezrich - Sex on the moon - Denoël - 2014
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"Vorace et d'aspect repoussant, c'est aussi le portrait du valet de plume infirme, trafiquant de biographie et de chantage, vendant des brevet de maître de poste et des concessions de théâtre... et tirant... tirant de sa conscience d'artichaut... faux serments et apologies à prix fixe... On dit que le hérisson est le seul des quadrupèdes de France sur lequel le venin de vipère n'ait pas prise. J'aurais deviné l'exception par l'analogie seule... Comment voulez-vous... que la calomnie (vipère) morde sur le goujat littéraire...! "
Toussenel, L'Esprit des Bêtes Zoologie passionnelle, Paris 1884
Walter Benjamin - Paris, capitale du 19 ème -Le Livre des Passages –
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Jamais ces gens-là ne m'auraient embauché à l'époque WASP où régnait une auto-satisfaction d'un ennui garanti quoique tellement "club", mais ce temps-là était dépassé et ils voulaient une plume trempée dans une dose de venin. J'étais leur homme.
Siri Hustvedt - Un monde flamboyant - Actes Sud- 2014
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Il y a quelques semaines encore, lâche-t-elle dans un soupir, le couloir se déroulait lentement sous mes pas, pourquoi n'es-tu pas venu alors ? Pourquoi avoir attendu que je sois tombée, d'ailleurs, tu n'es pas le seul, depuis toujours les choses m'arrivent trop tard, ou trop tôt, mais il lui répond de son souffle humide, voilà des dizaines d'années que je rassemble mes gouttes une à une, les branches une à une, les plumes une à une, rien que pour apparaître à nouveau, devant toi, te voir, viens à moi, Hemda, viens à la fenêtre, et elle secoue la tête, étonnée, qu'avaient donc été toutes ces années, à quoi avaient-elles servi si elles n'avaient pas laissé la moindre trace, si elle était finalement restée la petite fille qui ne pensait qu'à aller se baigner nue dans le lac, son lac.
Zeruya Shalev - Ce qui reste de nos vies - Gallimard - 2014
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"Elle prend le petit tapis, le déplie et l'étale par terre. La prière du matin faite, elle demeure assise, prend le Coran, l'ouvre à la page marquée d'une plume de paon qu'elle enlève et garde dans sa main droite. Avec sa main gauche, elle égrène le chapelet.
Après la lecture de quelques versets, elle glisse la plume, referme le Coran, et reste encore un instant pensive, absorbée par cette plume qui dépasse du livre sacré. Elle la caresse d'abord tristement, puis nerveusement."
Atiq Rahimi - Syngué sabour/Pierre de patience - P.O.L - 2008
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Certaines légendes relatives à l'Hyperborée nous proposent des images frappantes de cette atmosphère paradisiaque : des plumes blanches tombant du ciel par exemple. Il ne s'agit sans doute que de gros flocons de neige, mais la référence n'est pas entièrement métaphorique. Sur la côte de l'Alaska, un jour d'été, un immense vol de canards passa au dessus de moi et des centaines de plumes descendirent lentement jusqu'au sol.
Barry Lopez - Rêves arctiques - Galmmeister - 2014
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Une table de classe et un camarade, à ma gauche. Il se prénommait Serge. Quand il me voyait revenir du plafond avec un vers dans la main droite, lui aussi regardait au plafond. Mais il ne trouvait rien. C'est la différence entre l'inspiré et les autres. Mon premier poème ne suivit pas les conseils de Rainer Maria Rilke dans Lettres à un jeune poète, un livre envahirait les yeux puis les coeurs de milliers d'adolescents. Rilke y enjoint les apprentis sorciers à ne pas écrire de poèmes d'amour. Le sujet est trop vaste pour une jeune plume. Je ne suivis pas les mises en garde de Rilke. Janine en fit les frais.
Yvon Le Men - Mes demeures en Bretagne - Naïves - 2012
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"La grande affaire est de bouger," écrivit Robert Louis Stevenson dans Voyage avec un âne dans les Cévennes, "de sentir plus près de soi les besoins et les anicroches de l'existence, de sortir du lit de plumes de la civilisation et de trouver sous son pied le granit du globe, jonché de silex tranchants. " Les cahots sont vitaux. Ils permettent à l'adrénaline de circuler...
Bruce CHATWIN - Anatomie de l'Errance (Livre de Poche-Biblio)
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Ce pays ne ressemble toujours à aucun autre. Depuis 10 ans , j'y reprends la lecture de Trotsky et de Lowry, et de fil en aiguille d'autres écrivains venus se perdre au Mexique comme Cravan et Traven, pince des fils, dévide des bobines, tisse des liens, assemble les vies de trois femmes illustres elles aussi depuis longtemps disparues et mêlées à touts ces histoires de la petite bande de Mexico, trois femmes auxquelles la dévotion populaire et la sagesse des nations devraient élever les hautes pyramides indiennes aux marches de pierre, et au sommet les trois autels où déposer les livres de Larissa Reisner, les tableaux de Frida Kahlo, les photographies de Tina Modotti, distribuer au petit bonheur les trois vertus des Grâces, l'Allégresse, L'Abondance et la Splendeur, convoquer sur les gradins les prêtres aux plumes multicolores et les pénitents, les orants, les marins, les exilés, les sans-papiers, les apatrides. Tous ceux-là qui se croisent dans la clandestinité ou à bord des navires.
Patrick Deville - Viva - Seuil- 2014
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Le maître spirituel des jeunes historiens, Jacques Le Goff me téléphona ses félicitations, lui qui déplorait que l'Antiquité classique fût restée jusqu'alors rebelle à l'Ecole des Annales ; treize ans plus tard, lorsqu'il me présentera au Collège de France, Raymond Aron me dira que ces pages sur le Satyricon sont les meilleures qui soient sorties de ma plume.
Paul Veyne - Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas - Souvenirs - Albin Michel- 2014
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La sonatine résonna encore, portée comme une plume par ce barbare, qu'il le voulut ou non, et elle s'abattit de nouveau sur sa mère, la condamna de nouveau à la damnation de son amour. Les portes de l'enfer se refermèrent.
Marguerite Duras - Moderato Cantabile - ed. de Minuit - 1958
Entre les palmes, dans les manguiers, les oiseaux prisonniers piaillent. Il y en a tant que les branches ploient sous leur poids, les manguiers sont devenus des arbres de chair et de plumes.
Marguerite Duras – Le Vice-Consul - Gallimard – 1966
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Dans la salle de bar déserte étaient enroulés sur eux-mêmes de noirs anneaux d’ombre qui se détendirent contre lui. » Otro mescalito Un poquito. » La voix paraissait émerger d’au-dessus du comptoir où deux yeux hagards jaunes trouaient l’obscurité. C’est alors que se matérialisèrent la crête écarlate, puis les caroncules enfin les plumes vert bronze métallique d’une volaille perchée sur le bar tandis que Cervantès sortant comme un diable de derrière l’accueillait d’un salut espiègle à la tlaxcathèque : Muy fierte. Muy terriblement » gloussa-t-il.
Etait-ce donc là le visage ayant fait hisser la voile à cinq cent vaisseaux et suscité la présence traîtresse de Jésus-Christ dans l’hémisphère occidental ? L’oiseau ne manquait pas de docilité quant à lui. Croix heures et demie à la pondule, avait-dit l’autre. La pondule en question était devant lui. C’était une pendule de combat. Cervantès l’entraîna pour un combat à Tlaxacala mais c’était évidemment sans intérêt pour le consul. Les coquelets de Cervantès perdaient toujours – il avait assisté à une unique séance à Cuautla, un jour qu’il avait un peu bu. Ces brefs combats vicieusement manigancés par l’homme dont la cruauté destructrice aboutissait le plus souvent à des crêpages de plumes indécis et qui avaient la rapidité d’actes sexuels lamentablement escamotés ne rencontraient chez lui que dégoût et ennui. Cervantès enleva le coq. « Un bruto » commenta-t-il.
Malcolm Lowry – Sous le volcan – Grasset -1947
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"Je ne veux faire que de l'art simple, très simple; pour cela j'ai besoin de me retremper dans la nature vierge..." rappelait-il à qui voulait l'entendre avant de partir. Où doit-il aller pour approcher ces tikis sertis dans les fougères humides, entre deux vallées étroites, et dont le mana, puissance naïve et brute, aurait été pour l'artiste un "lait nourricier" ? L'Inca se souvenait des gravures où des guerriers, tatoués de la nuque au jarret, jaillissaient du fond des âges, brandissant des masques ou des éventails de plumes ! A quand les habits en tapa, les rochers creusés de pétroglyphes, les sorciers télépathes, la généalogie psalmodiée des clans ?
Jean-Luc Coatalem - Je suis dans les mers du Sud (Sur les traces de Paul Gauguin) - Grasset - 2001
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Tu le déplumes. Tu le dépèces. Tu examines ce qu’il contient. Tu arraches le bec et les pattes. Tu comprends comment ça vole. Mais ça ne vole plus.
Arthur Dreyfus – Histoire de ma sexualité – Gallimard – 2014
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Il sort Téméraire de sa cage, boit une gorgée d'eau froide et la recrache sur les plumes de la bête. Il faut lui durcir les chairs.Il lui crache sous les ailes en déployant bien grandes, sur le cou aussi et sa main lisse les plumes avec attention. Il sent que la bête est prête, qu'elle a compris qu'il faut qu'elle soit comme une lame de couteau alors il fait ce que font les éleveurs qui sont prêts, il entre dans le cercle de terre, pour réclamer un adversaire, les yeux bien écarquillés, tenant son coq au creux du bras, et avec une voix forte de défi, il lance :" Je veux la gaguère".
Laurent Gaudé - Danser les ombres - Ed. Nord-Sud - 2015
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Dans un long voyage en mer, le spectacle de l'infini bleu épuise un jour ou l'autre le marin, et le livre à une soif brutale de divertissements, si futiles soient-ils, d'échappatoires à la métaphysique, à cette oppressante profondeur et à ce vide manifeste de Dieu. On le préfère alors dans les poissons et dans les oiseaux, dans les écailles et dans les plumes, dans les bonds et dans les pépiements - plutôt que dans Son inlassable répétition de vaguelettes et de platitude, plutôt que dans les deux effroyables rectangles bleus de la mer et du ciel en plein océan, par un énième matin désespérément calme. La nuit, les étoiles semblent dire quelque chose, mais la mer compacte, homogène, rendrait fou même Spinoza.
Nicolas Cavaillès - Vie de monsieur Leguat - éditions du sonneur -Prix Goncourt de la Nouvelle 2014
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Hey! Ohlà ! Hurlé . Oui. Vous ! On n'a pas le droit de se baigner nue ici. Quoi, on n'a pas le droit de se baigner ici nue ? je marmonne de loin.
Un type en uniforme vert bouteille, un chapeau de feutre à plume de geai, s'avance jusqu'au bord de la berge : Et ça c'est une palombière cette tour en bois ? permis de construire et de chasse, merci. On n'a pas le droit de construire de palombière ici.
C'est gallo-romain je crie, c'est pas une palombière, c'est une cabane antique. Il manque des mots; on ne peut pas parler et nager en même temps. Je remonte sur la berge entre les roseaux. J'ai de la vase partout. Excusez moi d'être nue - et je lui tends un étui crasseux, contenant un papier toilé.
Olivier Cadiot - Providences (illusions perdues) P.O.L - 2015
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Adresse libellée à la plume, et non au feutre ou au stylo-bille, écriture presque calligraphiée, enveloppe de luxe, doublée. Il hésitait presque à déchiffrer le petit nom de l'expéditeur, en haut à gauche, qui semblait avoir statufié son équipe :
ASSOCIATION D'ETUDE DES ECRITS DE MAXIMILIEN ROBESPIERRE
Fred Vargas - Temps glaciaires - Flammarion - 2015
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Un atelier d'écriture ?
Un atelier d'écriture ? Groupe de gens pouvant sculpter des mots et peindre des idées... juste avec une plume !
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